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mardi 29 mai 2018
À Vittel, Nestlé privatise la nappe phréatique
À Vittel, Nestlé privatise la nappe phréatique
- Vittel (Vosges), reportage
Une longue file de camions coule à travers les rues de Vittel en direction de l'autoroute A31. Dans leurs immenses bennes, des milliers de bouteilles d'eau attendent de se déverser dans les rayons des supermarchés français et européens… D'Allemagne au Japon, on s'abreuve d'eau vosgienne. Qu'elles s'appellent Hépar®, Contrex®, Vittel®, chaque goutte provient de ces sous-sols vosgiens riches en minéraux. Et chaque centime revient dans le portefeuille de Nestlé Waters, propriétaire des marques.
Des centaines de millions de litres du précieux liquide sont ainsi extraits, chaque année, des profondeurs lorraines. Tant et si bien qu'une de ces nappes souterraines, la plus profonde et la plus importante, est menacée d'épuisement. Mais plutôt que d'exiger de la multinationale qu'elle réduise ses prélèvements, élus et industriels envisagent ni plus ni moins de serrer la ceinture hydrique des habitants. Bientôt, à Vittel, l'eau des robinets ne proviendra peut-être plus du sous-sol, mais sera acheminée par pipeline sur des dizaines de kilomètres. « Le géant international s'est approprié la ressource locale pour commercialiser l'eau en bouteille, dénonçait France nature environnement en mars dernier. L'entreprise s'octroie un réel monopole sur une ressource qui n'est censée appartenir à personne, si ce n'est aux populations locales pour subvenir à leurs besoins vitaux. » Joint par Reporterre, Christophe Klotz, directeur d'Agrivair, une filiale de Nestlé Waters, refuse d'endosser « le rôle du gros vilain : nous ne sommes pas contre ce territoire, nous sommes interconnectés avec lui. Et ce territoire vit autour et grâce à l'eau ».
- Un hôtel art déco de Vittel.
« La commune de Vittel s'est construite autour de son eau, elle lui a tout sacrifié, raconte Bernard Schmidt, Vittellois et membre de l'association Oiseaux nature. Mais ce qui se passe aujourd'hui, c'est la prise en main coloniale d'un territoire et la privatisation du bien commun qu'est l'eau. »
Pour comprendre ce qui se joue dans ce village vosgien d'à peine 5.000 âmes, il faut remonter au XIXe siècle et aux balbutiements du thermalisme. Avocat dans le sud de la France, Louis Bouloumié souffre de calculs rénaux qu'il tente d'apaiser par des cures annuelles à Vittel. En 1851, il achète toutes les sources. « Dès le départ, son objectif principal n'était pas de créer une station thermale mais de vendre de l'eau en bouteille, explique M. Schmidt, qui s'est passionné pour l'histoire de sa commune. Le thermalisme a été développé comme une vitrine afin de promouvoir l'eau minérale : la station ne sert qu'à l'image. »
« Il n'y a qu'une seule courbe croissante à Vittel depuis la fin du XIXe siècle : celle de la vente de bouteilles d'eau »
Mais quelle image ! Peu à peu, au fil des générations de Bouloumié et des époques, la bourgade rurale se pare d'hôtels, de casinos, de parcs. Un des deux fils de Louis, docteur, va obtenir l'agrément de l'Académie de médecine pour les sources : labellisation essentielle, car seule une eau reconnue comme bénéfique pour la santé peut être vendue sous l'appellation « eau minérale ». Bernard Schmidt, lui-même médecin, doute de la vertu thérapeutique de l'eau, « même s'il est évident que prendre un bon bol d'air à la montagne, boire de l'eau plutôt que de l'alcool et se faire pouponner ne peut faire que du bien », mais il reconnait l'efficacité publicitaire de cet atout santé : « C'est grâce à l'image médicale de l'eau que Vittel va vendre ses bouteilles. »
- Une galerie art déco à Vittel.
Les clients se succèdent — aristocratie russe d'abord, puis oligarchie coloniale — et les bâtiments muent au gré des modes architecturales. Aujourd'hui, les allées boisées du parc thermal ont gardé un parfum suranné. Les grandes façades art déco et les fontaines rococo forment un décor de cinéma étrange. Car les rues sont désertes, les bâtiments restent vides, le golf et le casino se remplissent à peine à la belle saison. Le Club Med, qui gère la partie hôtelière depuis les années 1970, a menacé de claquer la porte ; il n'est resté que contre la promesse de la municipalité de financer un coûteux hippodrome.
« Il n'y a qu'une seule courbe croissante à Vittel depuis la fin du XIXe siècle : c'est celle de la vente de bouteilles d'eau », conclut Bernard Schmidt. Dès les années 1970, Nestlé Waters s'associe à la Société des eaux, dirigée par la famille Bouloumié. Alors que le thermalisme périclite, les entreprises misent tout sur l'embouteillage. En 1975, les premiers relevés effectués dans la nappe souterraine révèlent un déficit effarant, de 2,5 millions de mètres cubes par an ! Et une menace : si rien n'est fait, la nappe pourrait tout simplement s'assécher.
Cette nappe, que l'on appelle aquifère des grès du Trias inférieur (GTI), s'étend de l'Allemagne jusqu'aux Cornouailles en passant sous le bassin parisien. Au niveau de Vittel, elle se situe à près de 100 mètres de profondeur, et constitue un réservoir « captif », isolé : l'eau y est emprisonnée entre des couches géologiques relativement imperméables. Côté face, cet isolement permet de préserver sa qualité, car elle est ainsi protégée des pollutions. Côté pile, cette nappe se régénère très, très, très lentement. Et c'est précisément cette ressource peu renouvelable qui intéresse les habitants, pour leur consommation d'eau potable, mais surtout les industriels, qui sont à l'origine de près de la moitié des prélèvements.
Pourtant, il faudra attendre 2010 pour que le problème de l'épuisement soit pris au sérieux. Entre-temps, Nestlé Waters est devenu propriétaire des marques en 1992. La multinationale a augmenté le nombre de bouteilles et diminué le nombre d'employés (passés de 4.500 en 1975 à 900 aujourd'hui). Elle pompe désormais près de 800.000 m3 d'eau par an (soit 800 millions de litres) de la nappe GTI et exporte l'eau à l'étranger sous la marque Vittel Bonne source. Or, le déficit de la nappe est environ d'un million de mètres cubes par an. Ainsi « Nestlé serait responsable de 80 % du déficit », estime Jean-François Fleck, de Vosges nature environnement.
Un petit point de géologie locale s'impose ici. Les sous-sols de Vittel sont gorgés d'eau, répartie dans plusieurs « poches ». Les poches les plus superficielles, très riches en minéraux, sont exploitées par Nestlé Waters et commercialisées sous les marques Hépar, Contrex et Vittel Grande source. En revanche, elles ne peuvent pas servir à l'approvisionnement des habitants, car elles dépassent les seuils fixés de minéralisation.
« Nestlé crée le déficit, mais on fait payer les consommateurs, c'est le monde à l'envers »
C'est donc dans la poche la plus profonde, la fameuse nappe GTI, que puisent les Vittellois pour boire. Mais c'est aussi dans cette poche que Nestlé Waters se sert pour remplir ses bouteilles de Vittel Bonne source. Cette marque est stratégique pour la multinationale : moins minéralisée que les autres eaux, Bonne source se vend très bien à l'étranger. Les millions de litres extraits chaque année sont donc exportés en totalité, vers les autres pays européens principalement. Une autre entreprise, la fromagerie l'Ermitage, se fournit également dans cette nappe. En 2010, 3,2 millions de mètres cubes ont ainsi été prélevés.
- Répartition des usages de la ressource en eau de la nappe GTI, en milliers de mètre cube, d'après une estimation du BRGM en 2010.
En posant ses valises au creux des collines vosgiennes, Nestlé Waters ne s'est pas contentée de faire des forages. L'entreprise a maillé le territoire, « noyauté », dirait M. Schmidt. Outre les 900 emplois directs qu'elle génère grâce à l'embouteillage, elle régente le développement économique local. Sa filiale Agrivair finance le rachat de terres agricoles, la mise en place de compostage, et des conseils techniques à destination d'agriculteurs en échange du respect d'un cahier des charges visant le « zéro pesticide », afin de protéger les nappes peu profondes de la pollution chimique.
L'association Terre eau, aujourd'hui en pleine reconfiguration, qui vise à « faciliter le développement économique et social du territoire de la plaine des Vosges tout en continuant de garantir la qualité des eaux souterraines » ainsi que la société AEBV (Accompagnement économique du bassin de Vittel) sont gérées par un certain Bernard Pruvost, qui était jusqu'à récemment cadre dirigeant pour Nestlé International.
C'est ce même Bernard Pruvost qui a présidé une association au rôle pivot : la Vigie de l'eau. Officiellement, cet organisme installé au cœur du parc thermal vise l'éducation à l'environnement et la culture scientifique. Surtout, cette Vigie a été chargée de l'animation de la Commission locale de l'eau (CLE) de 2010 à 2016. La CLE réunit 45 membres — élus, associatifs, industriels, services de l'État — avec l'objectif de remédier au déficit chronique et inquiétant de la nappe souterraine.
- Le siège de la Vigie de l'eau.
Et c'est là que le bât blesse. Car pendant cette période, la CLE a esquissé des décisions importantes… en faveur de Nestlé Waters et au détriment des populations locales. Et pendant cette période, de 2013 à fin 2016, la présidente de la CLE n'était autre que Claudie Pruvost, conseillère générale… et épouse de Bernard Pruvost.
« Les embrouilles ont commencé en 2013, quand le comité technique de la CLE a décidé d'exclure les industriels de tout effort de réduction des prélèvements », révèle Jean-François Fleck. C'est ce qu'indique le rapport du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) et de la Vigie de l'eau publié en 2014.
- Extrait du rapport du BRGM de 2014.
De comité technique en réunion, les associations ont découvert qu'au lieu d'affiner et de débattre des différentes hypothèses possibles pour réduire le déficit de la nappe souterraine, une seule et unique solution semblait se dessiner. « On a vite compris qu'il n'était pas question de demander aux industriels de se serrer la ceinture, raconte Jean-François Fleck. Mais comme il fallait trouver un moyen pour moins pomper, ils ont décidé d'aller chercher de l'eau ailleurs pour les habitants. » C'est ce qu'on appelle pudiquement la « substitution ». « Ils veulent déshabiller Pierre pour que Paul puisse continuer à s'habiller comme avant », observe Bernard Schmidt.
Le 26 avril 2016, la Commission locale de l'eau s'est réunie avec pour objectif le « choix de la stratégie du schéma d'aménagement et de gestion des eaux [Sage] ». Autrement dit, les membres de la CLE étaient invités à valider le « scénario substitution ». « Ils sont venus avec le projet ficelé et ils nous ont demandé de voter, se rappelle Christiane Lecoanet, de l'antenne locale d'UFC Que choisir. J'ai trouvé ça choquant : si votre gamin tape dans le pot de confiture, vous n'allez pas donner une punition à son voisin. Nestlé crée le déficit, mais on fait payer les consommateurs, c'est le monde à l'envers ! »
- Un forage d'alimentation en eau potable.
Interloquées, les associations ont répliqué. Fin 2016, aiguillé par Vosges nature environnement, le responsable local d'Anticor a signalé une possible prise illégale d'intérêts au tribunal d'Épinal. Une enquête préliminaire visant les époux Pruvost a été ouverte dans la foulée, et Claudie Pruvost a démissionné de son poste de présidente de la CLE. La Vigie de l'eau s'est retirée également de la Commission. Interrogée par Reporterre, sa vice-présidente n'a pas souhaité nous répondre, précisant cependant que l'association « n'a jamais participé ni à la gouvernance ni à aucune des réunions de bureau de la CLE », et qu'elle n'était donc pas en mesure de prendre « position sur le fond de cette question. Nous sommes des médiateurs et apportons des informations, validées par les scientifiques ». Du côté de Nestlé Waters, Christophe Klotz, le directeur d'Agrivair, réfute l'accusation et souligne que « l'entreprise n'a qu'un représentant et qu'une voix sur 45 membres de la CLE ».
« Il faut voir le territoire comme un écosystème ; si vous touchez à la première plus grande entreprise du coin, vous aurez des conséquences »
En parallèle, les militants environnementaux multiplient les courriers pour réclamer l'examen d'autres solutions, qui prennent en compte la participation des industriels à l'effort collectif de réduction.
Mais le 15 mars dernier, une nouvelle réunion de la CLE n'a fait que confirmer leurs craintes : la stratégie proposée s'appuie sur un transfert d'eau (de 500.000 à un million de m³, selon les cas) en provenance des territoires voisins ; via des dizaines de kilomètres de canalisation, pour un coût de 15 millions d'euros à 30 millions sur 20 ans. Dans une lettre adressée le 29 mars à Nicolas Hulot, les associations ont dénoncé une solution incompatible avec la loi sur l'eau de 2006, qui stipule que « la priorité d'usage doit aller à l'alimentation en eau potable des populations ».
Du côté de Nestlé Waters, on met en avant les efforts volontaires consentis par la multinationale : « Nous avons une autorisation préfectorale pour prélever jusqu'à un million de mètres cubes, précise Christophe Klotz. Depuis dix ans, nous n'avons pas augmenté nos prélèvements, au contraire, nous les avons ramenés de 973.000 m3 en 2008 à 744.000 m3 en 2017. »
- Jean-François Fleck, Renée Lise, Bernard Schmidt et Christiane Lecoanet contestent la privatisation de fait de l'eau par Nestlé Waters.
Pas question pour autant d'aller plus loin : « Il faut voir le territoire comme un écosystème ; si vous touchez à la première plus grande entreprise du coin, vous aurez des conséquences. Et Nestlé Waters reverse chaque année 7 millions d'euros aux collectivités locales, au nom de la surtaxe sur les eaux minérales. L'équilibre actuel est extrêmement fragile, avec la déprise agricole, la baisse démographique et peu d'emplois. Si on touche à cet équilibre de façon dogmatique avec une solution simpliste, quelles pourraient être les conséquences ? » Pour les associations, ce chantage économique est inadmissible : « Nestlé Waters n'a fait que diminuer le nombre de postes, avec l'automatisation de l'embouteillage, répond Bernard Schmidt. Et la robotisation continue d'avancer, donc il y aura de toute façon de moins en moins d'emplois. »
Selon Christophe Klotz, le scénario avancé — celui du transfert d'eau depuis d'autres territoires voisins — « nécessite d'être débattu, mais mérite d'être examiné » : « Il ne s'agit pas d'aller chercher de l'eau à l'autre bout du département, mais à quelques kilomètres de Vittel, insiste-t-il. Si on pense le développement économique non pas à l'échelle du village mais à l'échelle de la communauté de communes, il paraît logique de mettre en commun les ressources : les infrastructures, les activités, et donc, pourquoi pas, l'approvisionnement en eau. »
Le député insoumis Bastien Lachaud, joint par Reporterre, refuse ce scénario qui aboutit, selon lui, à un « accaparement par le privé du bien commun qu'est l'eau » puisque « seuls les industriels, et en premier lieu Nestlé Waters, pourront continuer à prélever dans la nappe. » Le 20 mars dernier à l'Assemblée nationale, il a d'ailleurs posé une question à ce sujet au gouvernement :« [Je voudrais] apprendre ce que le gouvernement compte faire pour faire cesser cet accaparement inacceptable du patrimoine commun par une entreprise privée, pour préserver la ressource en eau, et ainsi pour garantir que les populations locales continuent à avoir accès à l'eau potable sans surcoût. »
Le gouvernement n'a, à ce jour, pas répondu à M. Lachaud. Quant à la CLE, elle devrait se réunir en juin pour adopter définitivement (ou pas) le scénario proposé.
… nous avons une faveur à vous demander. Il n'y jamais eu autant de monde à lire Reporterre, mais nos revenus ne sont pourtant pas assurés.
Science décalée : s’énerver plus pour vivre plus
Science décalée : s'énerver plus pour vivre plus
Manifester son mécontentement permettrait de vivre plus longtemps. Ce sont les conclusions étonnantes d'une étude allemande qui montre que ceux qui intériorisent leurs émotions ont davantage de risques de développer un cancer ou de souffrir d'hypertension...
Certains gardent leur calme quand d'autres se font entendre dès que le moindre désagrément les perturbe. Ceux-là détiendraient l'une des clés de la longévité. C'est du moins ce que montre une méta-analyse menée par deux chercheurs de l'université d'Iéna, en Allemagne.
Le contexte : la santé passe aussi par l'humeur
Le comportement influe sur la santé. En effet, les émotions s'expriment par un certain nombre d'hormones qui affectent la physiologie de l'organisme. Ainsi, l'anxieux de nature, à coup d'adrénaline et surtout de glucocorticoïdes, va abaisser son immunité et augmenter les risques de tomber malade.
Qu'en est-il de celui de réprimer sa colère ? La question a interpellé des scientifiques allemands qui ont fouillé dans les archives pour ressortir 22 études sur le sujet. Leurs conclusions, présentées dans le journal Health Psychologies, révèlent qu'il est meilleur pour la santé physique et morale de dire tout ce que l'on a sur le cœur !
L'étude : des répresseurs qui se font mal au cœur
À travers l'étude de 6.775 patients, les auteurs ont observé l'évolution de certains paramètres physiologiques dans une situation stressante, en fonction du tempérament de la personne. Les « répresseurs », comme les appelait Freud, ceux qui gardent leurs émotions négatives pour eux, voyaient leur rythme cardiaque s'emballer.
Manifester sa colère, ça a du bon pour la santé. On évite à son cœur de monter en régime, limitant les risques d'hypertension artérielle et de cancer. © Forca, StockFreeImages.com
Ils essaient de camoufler au mieux les signes attestant de la peur et se mettent sur la défensive. Plusieurs paramètres objectifs révèlent malgré tout leur anxiété. Ils souhaitent tout contrôler, aussi bien eux-mêmes que leur environnement.
À long terme, une telle situation favorise le développement de certaines maladies, surtout l'hypertension et, moins prévisible, le cancer. En revanche, les personnes qui arrivent à donner de la voix en situation crispante s'avèrent plus à risque de déclencher des maladies coronariennes. Aucune différence n'a été constatée pour les autres maladies cardiovasculaires, les attaques cardiaques ou l'asthme.
L'œil extérieur : l'espérance de vie expliquée par la colère
Pour les auteurs, c'est peut-être l'explication au fait qu'Espagnols et Italiens, réputés pour leur sang chaud, vivent en moyenne deux années de plus que les Britanniques, dont le flegme n'est pas qu'une légende. Un peu léger comme explication dans la mesure où l'espérance de vie ne tient pas qu'à un coup de gueule. L'alimentation, pour laquelle les pays latins sont bien plus réputés, y joue beaucoup, et les taux d'obésité, à l'origine de nombreux troubles cardiovasculaires, sont beaucoup plus élevés sur l'île de Sa Majesté. Par exemple.
Que tous les introvertis se rassurent quand même : leur comportement ne leur joue pas que des vilains tours. Si la moindre petite épreuve les secoue beaucoup, le retour à la sécurité est bien mieux vécu. Tout va bien quand on a le contrôle...
ARNAQUE truffée de FÔTES
Dossier d'indemnisation
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lundi 28 mai 2018
Homejacking à Nîmes : le couple avait été battu, ligoté et brûlé pour 1 400 €
Homejacking à Nîmes : le couple avait été battu, ligoté et brûlé pour 1 400 €
Frappé, ligoté, bâillonné, aspergé de soude caustique et de javel. Un couple de Nîmois a vécu trois heures infernales lors d'un homejacking qui s'est produit le 28 janvier 2014 dans une maison cossue, proche des Jardins de la fontaine. Un patron de supermarché et sa compagne ont fait l'objet d'une longue séquence de violences. Car les deux malfrats cherchaient à vider le contenu d'un hypothétique coffre-fort. Ils sont repartis avec des bijoux, des cartes de crédit et des téléphones portables. Retour sur cette affaire terrifiante.
- 1. Surpris à son arrivée chez lui
Le patron du supermarché vient de rentrer à son domicile, situé dans une impasse d'un quartier huppé de la ville. Il est presque 19 h 30 quand il s'apprête à dîner. Il sait que sa femme rentrera plus tard. Car ce soir-là, elle est allée faire du sport. Le mari entend du bruit dans la maison et se retrouve confronté à deux hommes encagoulés et gantés. Ils ont visiblement des renseignements sur cet homme et sont certains qu'il possède un coffre.
Le commerçant est roué de coups, frappé avec la crosse d'une arme de poing puis bâillonné. Sa compagne rentre une heure plus tard et est immédiatement ligotée et frappée. Leur calvaire durera près de trois heures. Trois heures de menaces, de coups et de brûlures gravissimes. En effet, le couple a été aspergé de produits ménagers terriblement corrosifs comme de la javel ou du Destop destinés à déboucher les canalisations.
Les deux braqueurs sont parvenus à retirer 1 400 euros avec les cartes de crédit et le code extorqué sous la menace, non sans avoir volé une voiture. Les deux agresseurs une fois partis, la femme a réussi à défaire ses liens et à prévenir les voisins qui ont alerté la police et les secours. La gravité du homejacking a conduit le parquet de Nîmes à confier l'enquête aux policiers du SRPJ de Montpellier. Ceux-ci se sont immédiatement rendus sur les lieux accompagnés des spécialistes de la police technique et scientifique (PTS).
Après avoir été auditionné le lendemain de l'attaque, le directeur de magasin devra être admis dans un service de grands brûlés. Il subira six interventions chirurgicales et des greffes pour tenter de soigner les assauts de la sauvagerie. Les brûlures ont touché près de 20 % de la surface corporelle. Ce qui a nécessité des traitements médicaux, de la rééducation et un arrêt de travail de trois mois. Séquelles un peu moins graves pour la compagne qui a également été brûlée par les produits ménagers. Mais elle a été autorisée à aller se doucher lors du homejacking, ce qui a sans doute limité la gravité des lésions. Comme son mari, elle a fait l'objet d'une interruption temporaire de travail (ITT, au sens pénal) de trois mois.
- 2. La doyenne des juges et le SRPJ
Le dossier a finalement été confié à Évelyne Martin, la doyenne des juges d'instruction. Les équipes du SRPJ de Montpellier multipliaient les actes d'enquête qui conduisaient à la mise en cause de deux jeunes nîmois. Ils étaient placés en garde à vue et mis en examen pour leur participation à ce homejacking ultra-violent. "On m'a balancé ou quoi ?", demandait Michel Ramirez lors de son placement en garde à vue. Ensuite, l'homme n'a cessé de clamer son innocence. Comme son coaccusé. Le juge a notamment retenu la séquestration et les actes de torture et de barbarie, l'escroquerie, l'incendie de véhicule. Mais les charges du dossier sont débattues et contestées par la défense. D'ailleurs, les trois jours de débats seront déterminants pour étudier les indices et les charges accumulées au long du minutieux travail d'enquête de la police judiciaire. De son côté, une des victimes a formellement reconnu la voix de son agresseur.
- 3. L'acquittement sera plaidé
Me Valérie Bach portera la voix des victimes lors du procès. Elle soulignera l'extrême violence et la barbarie des actes. Pour la défense, soutenue par Mes Bruno et Hugo Ferri, il s'agit bien de faits horribles mais pas commis par leur client. À cet égard, les avocats comptent plaider l'acquittement. Ils estiment en substance qu'il n'existe pas de preuve irréfutable permettant de condamner Michel Ramirez, âgé de 28 ans. Même analyse pour le défenseur de Samy El Allaly, âgé de 23 ans. Le profil des deux accusés sera passé au crible durant le procès présidé par la conseillère Geneviève Perrin. Ainsi, le cursus judiciaire des deux hommes condamnés chacun une dizaine de fois sera, lui aussi, détaillé lors d'un procès prévu pour durer trois jours devant la cour d'assises.