jeudi 28 juin 2018

L'astuce d'Emmanuel Macron pour avoir l'air plus grand que Benjamin Griveaux

L'astuce d'Emmanuel Macron pour avoir l'air plus grand que Benjamin Griveaux

L'astuce d'Emmanuel Macron pour avoir l'air plus grand que Benjamin Griveaux

Une simple histoire de chaises et de jambes croisées.

POLITIQUE - Depuis le début du quinquennat, l'opération de communication cherche encore son cadre idéal. Prenant modèle sur son homologue américain, Emmanuel Macron a instauré le principe de promulguer devant les caméras de télévision les textes de loi considérés comme les plus emblématiques de sa mandature. Jusqu'ici considérée comme un simple acte administratif, cette séquence signature est devenue la marque du sceau présidentiel, censé acter la "transformation" du pays promue par le chef de l'Etat depuis son élection.

Après la loi portant sur la moralisation de la vie publique début septembre 2017, puis la réforme du code du travail, Emmanuel Macron s'est donc à nouveau mis en scène ce mercredi 27 juin, aux côtés de la ministre des Transports Elisabeth Borne et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, en train de promulguer la réforme de la SNCF. Un geste d'autorité après plusieurs mois de conflit social, et préparé jusque dans les moindres détails par les communicants de l'Elysée.

Comme l'a relevé un compte satirique sur Twitter, Benjamin Griveaux a en effet dû s'asseoir sur une chaise plus basse que celle du président afin de ne pas avoir l'air plus grand que lui à l'image, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.

AFP

French President Emmanuel Macron (C), flanked by French Transports Minister Elisabeth Borne (L) and French government spokesman Benjamin Griveaux, signs the controversial rail reform, at the Elysee Palace in Paris, on June 27, 2018. / AFP PHOTO / POOL / JULIEN DE ROSA

Pour vérifier ce détail cocasse de la mise en scène du pouvoir, il suffit de consulter les images des "coulisses" de cette opération de communication, diffusées par Benjamin Griveaux lui-même.

On y aperçoit le porte-parole de l'exécutif faisant son entrée dans le bureau présidentiel et dépassant d'une demi-tête Emmanuel Macron. Benjamin Griveaux s'assoit alors sur une chaise plus basse que celle du président et se voit contraint de croiser les jambes, faute de place.

Signature de la loi pour un nouveau pacte ferroviaire par le président @EmmanuelMacron avec @Elisabeth_Borne.
Pour une modernisée, mieux armée face à la concurrence et dotée de vrais moyens.
La transformation est @enmarchefr

— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) · Palais de l'Elysée

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(2) Networking : en quoi l'échauffement social (small talk) est si important | LinkedIn

(2) Networking : en quoi l'échauffement social (small talk) est si important | LinkedIn

Networking : en quoi l'échauffement social (small talk) est si important

J'arrive en entretien Réseau. Mon interlocuteur du jour m'accueille dans son bureau. Il est courtois mais réservé. Il m'invite à m'asseoir et me demande si j'ai trouvé facilement mon chemin. Je lui réponds poliment par l'affirmative, en arborant un sourire XXL. J'avise que derrière lui, il y a plusieurs photos de nains de jardin. Aussi, je lui demande si, comme moi, il est fan de ces gnomes qui ornent les plus beaux jardins de France. Il me répond : Oui. Et son visage s'éclaire, il me sourit, le small talk a produit son effet, notre entretien démarre sur d'excellentes bases !

Le small talk ou comment débuter un entretien Le small talk, autrement appelé « échauffement social », désigne la façon habituelle de commencer un entretien avec un interlocuteur Réseau. C'est souvent un élément négligé dans les formations de Networking. Or cela constitue une phase essentielle pour démarrer de façon positive un rendez-vous avec une personne que l'on ne connait pas et qui accepte de nous recevoir. Par définition, le small talk est un échange court. Il ne doit pas durer plus de cinq minutes. Si le small talk devient un long talk, il y a de fortes chances pour que l'objectif de la réunion ne soit pas atteint.

L'importance du small talk Lors d'une première rencontre avec un inconnu, l'entrée en matière est cruciale car il faut mettre à l'aise la personne qui nous reçoit. Généralement, cette personne ne sait qui nous sommes et elle a souvent oublié de la part de qui nous venons. Elle a donc besoin d'être rassurée pour mieux nous écouter. Un de mes clients est ainsi arrivé à un entretien avec son casque de moto, le small talk s'est engagé aussitôt sur la pratique de la moto car l'hôte du jour était également motocycliste. L'échange sur les grosses cylindrées qui a suivi a permis de parfaitement briser la glace.

La préparation du small talk Pour que l'échauffement social se passe au mieux, il est important de préparer toutes les rencontres que l'on fait dans le cadre d'une démarche Réseau. Il faut donc se renseigner sur son interlocuteur en faisant appel à son réseau et en effectuant des recherches sur Google et sur LinkedIn. Il convient également de bien connaître les liens qui existent entre la personne qui nous reçoit et le connecteur. Sont-ils amis ou juste des relations professionnelles ? Ont-ils fait leurs études ensemble ou travaillé dans la même entreprise ? Se voient-ils souvent ou rarement ? Toutes ces informations sont utiles pour piloter au mieux le small talk qui peut commencer par la question suivante : « Ah, vous venez de la part de Robert, comment va-t-il ? »

Conseils de pro Si votre interlocuteur vous parle de la météo, ayez quelque chose d'intéressant et d'original à lui répondre car le small talk ne vous condamne pas automatiquement à débiter des banalités. Le mieux est de trouver vous-même le sujet de l'échauffement social. D'abord parce que cela vous permettra de maîtriser le début de l'échange. Ensuite, cela rendra service à votre hôte en lui évitant de se creuser la tête pour démarrer la discussion. Un conseil : évitez les sujets comme la religion, la politique, les catastrophes et votre dernière grippe… De même, abstenez-vous de ragoter, de dire du mal de personnes ou d'entreprises. Le small talk n'est pas le divan du psychanalyste, il constitue une occasion de trouver des affinités, d'allumer une étincelle d'intérêt et de créer une atmosphère d'échange professionnel entre deux individus dans un climat positif, constructif et de confiance.

La forme, c'est le fond qui remonte à la surface Dans le small talk, la forme est aussi importante que le fond. Votre attitude générale, votre poignée de main, les intonations de votre voix, votre communication non verbale constituent des éléments clés pour bien débuter l'échange. Souriez car une personne souriante devient automatiquement sympathique et dégage aussitôt des ondes positives qui facilitent et fluidifient le small talk. Respectez également les règles élémentaires de la politesse : soyez ponctuel, n'interrompez pas votre hôte, ne parlez pas trop fort, ne réclamez pas un café si on ne vous en propose pas. Last but not least, maniez l'humour avec beaucoup de finesse. Ce qui est hilarant pour vous ne l'est peut-être pas pour votre interlocuteur du jour. La grosse blague bien lourde peut vous emmener droit dans le mur !

En définitive, dans la mesure où vous n'aurez jamais une deuxième chance de produire une première bonne impression, il est clair qu'un small talk maîtrisé facilite grandement vos entretiens Réseau et vous rapproche de votre objectif. L'échauffement social réussi, synonyme de bonne entrée en matière, constitue l'étincelle qui déclenche l'effet magique du Réseau.

« Une déconnexion historique entre le pouvoir national et les territoires »

« Une déconnexion historique entre le pouvoir national et les territoires »

« Une déconnexion historique entre le pouvoir national et les territoires »

Un an après, que change la fin des parlementaires-maires dans les territoires ?

Pour la première fois de leur existence, des premiers magistrats de grande ville exercent leur mandat à temps plein. Dans ces collectivités, le patron de tous les salariés de la boutique n'est plus le directeur général des services, comme c'était le cas une partie de  la semaine dans beaucoup de situations de cumul. Ce n'est plus non plus « la voix de son maire », le directeur de cabinet. On entendait des gens commander l'administration alors qu'ils n'étaient même pas élus. Souvent, les adjoints au maire n'existaient pas.

Pourquoi le système politique municipal est-il si centralisé ?

Historiquement, le maire était là pour défendre la République face à l'église. Il n'était pas question de partager le pouvoir. Le patron de l'exécutif est donc aussi le président de l'assemblée municipale et le représentant de l'Etat dans la commune. C'est lui, et lui seul, qui incarne l'autorité. Cela fait partie de notre code génétique.

Ce mode de fonctionnement correspond-il toujours aux aspirations d'une société plus horizontale ?

Il est toujours ancré dans la population. Le maire incarne le pouvoir local, ce qui pose aujourd'hui des difficultés, car cette représentation se révèle en grande partie fictive. Ce n'est plus la commune, mais l'intercommunalité qui définit la plupart des investissements. Le système communautaire est d'ailleurs très différent du pouvoir municipal. C'est, soit un régime d'assemblée, où les petites communes tirent les marrons du feu, soit un exécutif partagé.

L'intercommunalité ne ressemble-t-elle pas un peu à l'Europe ?

C'est certain. Le conseil communautaire, c'est le Parlement européen, la foire d'empoigne. Des intérêts divergents s'expriment. Le bureau communautaire, c'est le conseil européen. L'administration intercommunale, elle, c'est la Commission. Les DGS et les chargés de mission font tourner la boutique avec efficacité. Comme la Commission européenne, cette machine est parfois perçue comme un machin technocratique. Certains maires lui font porter leurs échecs pour mieux s'en attribuer ses succès.

La seule différence, en définitive avec l'Europe, c'est que l'intercommunalité ne fonctionne pas à l'unanimité. C'est justement pour cela que cela marche. Un peu partout, un intérêt communautaire émerge. C'est particulièrement vrai pour la France rurale qui, la première, a fait l'intercommunalité. Pour le monde urbain, il a fallu mettre une grosse carotte. Pour approfondir les intercommunalités, je préconise, à côté des représentants des communes, l'élection des membres de l'exécutif sur l'ensemble du territoire communautaire.

A défaut d'un tel système, le fléchage à l'occasion des municipales et la présence de l'opposition des communes les plus peuplées ne favorisent-ils pas une plus forte politisation des assemblées intercommunales ?

Cela ne produit pas d'effet de ce type. Ce sera encore plus vrai après les prochaines municipales où les étiquettes compteront moins que jamais. La faiblesse d'En Marche comme parti politique à l'échelle locale va entraîner des apparentements. Des maires de droite et de gauche concourront sous le label macroniste, tout en gardant d'autres attaches. Ces élections se dérouleront dans un climat de délitement des partis.

Des patrons de gros exécutifs, comme Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, et dans une moindre mesure Valérie Pécresse en Ile-de-France, s'affranchissent déjà de leur parti. Ce phénomène est renforcé par la loi anti-cumul des mandats. Nous allons vers une déconnexion, pour la première fois en France, de la politique nationale et de la politique locale. Nous allons, je crois, assister à des élections municipales très dépolitisées, centrées sur le local. Les appartenances politiques vont, peu ou prou, disparaître.

Ce serait une sacrée rupture avec les dernières élections municipales, départementales et régionales au cours desquelles les électeurs ont surtout voté en fonction de considérations nationales…

Cela, c'était l'ancien système. Le nouveau pouvoir national ignore totalement les problématiques territoriales. Il transgresse toutes les règles. Il supprime d'un trait de plume la fiscalité locale et le lien entre les collectivités et les citoyens. Le Gouvernement ne cherche pas à renforcer quelque niveau territorial que ce soit.

La réforme de l'apprentissage se fait au détriment des régions. Les départements sont asphyxiés avec le vieillissement de la population et, dans certains territoires, par le RSA. Le redémarrage économique n'est en effet pas uniforme. La concentration des entreprises autour des métropoles s'accélère à vitesse grand V. Dans des départements de vieille industrie, comme  l'Aisne et les Ardennes, il n'y a pas la moindre localisation d'activité. Les décentralisateurs forcenés et les ultra-libéraux ont détruit la DATAR. La question de la périphérie demande de l'argent. On n'en met aucun. Si on voulait abandonner la classe ouvrière à un Trump à la française, on ne s'y prendrait pas autrement…

mercredi 27 juin 2018

Les députés l'ont décidé dans la nuit : les associations religieuses sortent de la liste des lobbies

Les députés l'ont décidé dans la nuit : les associations religieuses sortent de la liste des lobbies

Les députés l'ont décidé dans la nuit : les associations religieuses sortent de la liste des lobbies

La mobilisation a failli finir par payer, mais la nuit du 26 au 27 juin a finalement entériné un recul pour la laïcité. Les députés de l'Assemblée nationale ont voté, par 109 voix contre 39, l'adoption de l'article 38 du projet de loi de confiance entre l'administration et les citoyens. Entérinant ainsi l'une des dispositions les plus polémiques du texte : désormais, les associations religieuses bénéficieront d'un traitement de faveur, puisqu'elles sont retirées de la liste des groupes d'intérêt qui doivent informer la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) de leurs rencontres et relations avec les autorités, depuis une loi de 2013. Toutes les associations à but cultuel pourront désormais rencontrer des administrations ou des élus, et faire avancer auprès d'eux leurs idées, sans que le public ne soit informé, puisqu'il est maintenant implicitement suggéré par la loi que les religions défendent l'intérêt général…

Division dans le camp macroniste

Pourtant, cette régression a bien failli être évitée. Dans le sillage de la députée LREM Stéphanie Kerbarh et de plusieurs autres parlementaires laïques, un amendement s'opposant au retrait des religions de la liste des lobbies avait réuni plus de 80 députés signataires. Le groupe socialiste avait déposé un texte similaire, réclamant "juste que les associations cultuelles soient placées dans la loi, sur le même rang que les autres représentants d'intérêts". Las : votés à 2 heures du matin, les deux textes ont été rejetés à une très courte majorité (88 contre 85) par les députés présents.

 

L'analyse du vote de ce fameux amendement est d'ailleurs assez éclairante. Premier constat : la majorité est clairement divisée sur la laïcité, quasiment à égalité. 64 députés macronistes ont souhaité conserver l'inscription des religions au registre des lobbies, quand 66 s'y sont opposés. Au rang des parlementaires laïques de LREM, on trouve quelques têtes connues, pour beaucoup issues de la gauche, à l'instar de Stella Dupont, Barbara Pompili, François-Michel Lambert ou encore Jean-Louis Touraine. On note également la présence d'Aurore Bergé, venue de la droite, du jeune député Pierre Person ou d'Hugues Renson, souvent cité comme candidat potentiel LREM à la mairie de Paris. En face, parmi les macronistes "accommodants" avec les associations religieuses, on retrouve le président du groupe des marcheurs, Richard Ferrand, mais aussi la déléguée nationale de La République en Marche, Laetitia Avia, ou encore Gabriel Attal, proche d'Emmanuel Macron. Le rapporteur de la loi sur la confiance, Stanislas Guérini, s'est également opposé à l'amendement de l'article 38.

L'amendement rejeté grâce à la mobilisation de la droite catholique

Le reste des députés présents a recréé un clivage très "IIIe République" : l'ensemble de la gauche s'est positionnée en faveur de la laïcité, quand la quasi-intégralité de la droite a voté pour retirer les associations religieuses de la liste des représentants d'intérêts. Tous les députés socialistes (dont Valérie Rabault, présidente du groupe Nouvelle Gauche), communistes et insoumis (parmi lesquels Danièle Obono) ont soutenu l'amendement, ainsi que quelques non-inscrits de gauche comme l'ex-PS Jean-Michel Clément, ou la radicale Sylvia Pinel. Mais ils étaient bien trop peu nombreux : 5 députés PS, 4 pour la FI, et 3 communistes, c'est maigre, d'autant que le vote de l'amendement s'est joué... à 3 voix près. C'est la mobilisation de la droite qui a permis son rejet. Les 13 députés Les Républicains présents ont voté comme un seul homme contre la disposition laïque. Preuve que, si le député Eric Ciotti (absent lors de ce vote) se pique de rajouter le mot "laïcité" à la devise nationale, et que les leaders de droite ne cessent d'invoquer cette valeur dans leurs discours, ce prétendu attachement a bien du mal à se traduire en actes.

On ne sera d'ailleurs pas forcément surpris de retrouver, parmi les députés LR défavorables à l'amendement, Marc Le Fur, Philippe Gosselin et Véronique Louwagie : en 2014, ces 3 députés LR avaient proposé de dérembourser l'IVG. Catholiques pratiquants, ils se sont tous fait particulièrement remarquer au sein de la Manif pour tous. Comme les deux députées non-inscrites qui ont veillé jusqu'à 2 heures du matin pour s'assurer que les associations religieuses ne soient pas considérées comme des lobbies : Emmanuelle Ménard, l'épouse du maire de Béziers Robert Ménard, s'était illustrée en inspirant à son mari l'installation d'une crèche dans l'hôtel de ville (depuis retirée par ordre de la justice), et l'organisation d'une messe chrétienne lors de la féria locale, au mépris de la laïcité. Marie-France Lohro, l'autre parlementaire non-inscrite à avoir rejeté l'amendement, est membre du parti d'extrême droite de la Ligue du Sud. Elle s'était fait remarquer en organisant à l'Assemblée nationale un congrès sur le transhumanisme, auquel était invité tout un aréopage d'opposants farouches à l'avortement.

Tout ce beau monde s'est donc uni à une courte majorité de marcheurs pour accorder un traitement de faveur aux associations cultuelles, pendant qu'Emmanuel Macron recevait le titre de chanoine de Latran à l'occasion d'une visite au Vatican. Pour les laïques de la majorité, c'est un nouveau constat d'échec à s'opposer aux visées accommodantes de l'exécutif, qui semble prêt à égratigner la laïcité pour installer un "climat de confiance" avec les religions.

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Le Média sort son journal papier, "99%"

Le Média sort son journal papier, "99%"

Le Média sort son journal papier, "99%"

INFO JDD - Le Média, la webtélé fondée par des membres de la France insoumise, a désormais sa déclinaison papier : le premier numéro de 99% est actuellement en cours d'impression et sera distribué à partir de lundi prochain.

"La contre-révolution des riches" : voici le titre de la première une de 99%, le nouveau journal papier du groupe Le Média. Après la webtélé lancée en janvier, les "socios" - le nom des contributeurs - vont donc avoir leur mensuel. Il faudra pour cela payer 2 euros sur le site de ce média de gauche, fondé par des membres de la France insoumise, et qui se revendique indépendant. "99%", c'est censé d'ailleurs faire appel aux "99% de citoyens" s'opposant au "1% qui détient tout"... et notamment les "grands médias détenus par quelques patrons", résume au JDD la journaliste Aude Lancelin, membre de cette rédaction.

Lire aussi - "Le Média" : plusieurs personnalités prennent du recul

La une du premier numéro de "99%"

La une du premier numéro de "99%"

(DR)

Cette première édition est "à l'imprimerie depuis lundi après-midi et sera livrée à partir de lundi prochain", explique-t-elle. En effet, le journal ne sortira pas dans les kiosques mais sera envoyé par courrier à ceux qui l'auront commandé en ligne - il n'y aura pas d'abonnement mais les "socios" pourront "pré-commander" jusqu'à 10 numéros par an. Aude Lancelin encourage en revanche "les socios à en acheter plusieurs pour assurer une présence physique du titre, sur les marchés par exemple..."

Pas de pub... pour l'instant

L'ancienne directrice adjointe de L'Obs a été chargée de "la réflexion éditoriale" de ce journal par Sophia Chikirou, ancienne directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon, en binôme avec le journaliste Kévin Boucaud-Victoire. Les deux journalistes signent le sujet principal de ce premier numéro, consacré aux "super riches". L'occasion de revenir sur le début du quinquennat Macron. "Ce qui frappe dans cette première année, c'est le sentiment que la classe supérieure s'est émancipée et qu'il y a justement ce retour aux classes sociales", explique Aude Lancelin. La début de son "papier" partage ainsi la une avec un éditorial signé par Sophia Chikirou. Les autres appels renvoient vers un reportage en Algérie et un entretien d'un journaliste de Cash investigation qui s'inquiète de la nouvelle loi sur le secret des affaires.

D'ailleurs, 99% ressemble assez peu aux couvertures des autres mensuels, avec ce texte très présent dès la première page. Un choix complètement assumé pour ce "journal de contenus", explique encore Aude Lancelin. Le tout fait huit pages, même s'il y en aura un cahier supplémentaire de quatre pages pour cette édition de lancement afin de "revenir sur les six premiers mois" de Le Média, qui a notamment connu le départ de plusieurs journalistes, après plusieurs polémiques, notamment sur le traitement de la guerre en Syrie. Celui-ci aurait reçu 7.000 pré-commandes, ce qui permettrait déjà à ce numéro d'être financé.

Les coûts sont toutefois limités : la rédaction de 99% est la même que le Média TV avec quelques pigistes supplémentaires, mais "il y n'y aura que du contenu frais", promet Aude Lancelin. Quant à l'idée de diffuser de la publicité dans ce journal, "elle fait débat", reconnaît la journaliste. Le premier numéro n'en aura pas mais cela pourrait être le seul, des "expérimentations étant prévues à la rentrée".

mardi 26 juin 2018

Nicolas Hulot vu par le HulotScope : 69 % de mesures négatives pour l’environnement

Nicolas Hulot vu par le HulotScope : 69 % de mesures négatives pour l'environnement

Nicolas Hulot vu par le HulotScope : 69 % de mesures négatives pour l'environnement

19 juin 2018 / Camille Martin (Reporterre)

Nicolas Hulot vu par le HulotScope : 69<small class="fine"> </small>% de mesures négatives pour l'environnement

Il y a un an, Nicolas Hulot prenait la tête d'un grand ministère de la Transition écologique et solidaire. Ministre d'État, numéro 2 du gouvernement Philippe dans l'ordre protocolaire, il a sous sa houlette la ministre chargée des Transports et deux secrétaires d'État. Mais quel poids a-t-il réellement ? Avec son Hulotscope, Reporterre cherche à le mesurer. Bilan : négatif.

Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, fait-il avancer la cause de l'écologie ? C'est pour tenter d'objectiver le poids et la place de Nicolas Hulot — et donc des politiques environnementales sous la présidence d'Emmanuel Macron — que Reporterre a créé le Hulotscope.

Ce thermomètre de l'écologie macroniste fonctionne de la manière suivante :

  • en vert, les mesures qui sont en faveur de l'écologie ;
  • en rouge foncé, les renoncements ou les mesures prises par Nicolas Hulot ou son ministère et qui sont néfastes à l'écologie ;
  • en rouge, les renoncements ou les mesures prises par le gouvernement Philippe ou par Emmanuel Macron qui sont néfastes à l'écologie. Dans ce cas, Nicolas Hulot n'a pas directement pris part à ce recul.
    Il se lit de manière chronologique.

Seules les mesures effectivement actées (lois, décrets, financements) ont été prises en compte. Les plans, feuilles de route, concertations et autres annonces ne sont pas indiquées : elles le seront si elles deviennent des actes.

Bilan au 19 juin 2018 : 69 % des mesures prises depuis un an concernant l'environnement ne vont pas dans le bon sens.

Ce Hulotscope, que nous ré-actualiserons régulièrement, n'est pas exhaustif : nous avons retenu les mesures qui nous apparaissaient les plus importantes. Si vous jugez que nous avons oublié une mesure essentielle, n'hésitez pas à nous l'indiquer à planete (arobase) reporterre.net.


JUIN 2018

Adoption de la réforme SNCF

MAI 2018

Obligation d'avoir 50 % de produits sous signes de qualité dans les cantines

Autorisation de la « bioraffinerie » de Total

AVRIL 2018

Affaiblissement du soutien aux « petits » élevages

VRIER 2018

JANVIER 2018

CEMBRE 2017

NOVEMBRE 2017

Appel à « projet pour la planète »

OCTOBRE 2017

SEPTEMBRE 2017

JUILLET 2017



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Lire aussi : Nicolas Hulot : « Un ministre n'est pas un électron libre »

Source : Camille Martin pour Reporterre (Camille Martin est le pseudonyme collectif de la rédaction de Reporterre)

Photo : © Fanny Dollberg/Reporterre, montage : © Marion Susini/Reporterre

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Macron chanoine de Latran : l'Elysée ne veut pas voir de problème

Macron chanoine de Latran : l'Elysée ne veut pas voir de problème

Macron chanoine de Latran : l'Elysée ne veut pas voir de problème

"Il ne va pas revenir avec une calotte écarlate sur la tête, ni en robe de bure, et il ne va pas non plus servir la messe à Notre-Dame". Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on s'essaie à l'humour alors que des critiques s'élèvent avant la remise au président de la République de son titre de "premier et unique chanoine honoraire de Latran", à l'occasion de sa visite au Vatican, ce mardi 26 juin. Le député de la France insoumise Alexis Corbière dénonce "un mépris de la laïcité". Dans la Croix, le bras droit de Jean-Mélenchon estime "qu'en tant que président de la République laïque, il n'est pas correct de recevoir ainsi un titre religieux, même de manière honorifique". "Ce titre n'a aucune dimension spirituelle, assure de son côté l'Elysée. Vous êtes chanoine de Latran dès que vous êtes président, cela fait partie du package. C'est comme quand vous avez la légion d'honneur. Vous n'êtes pas obligé de vous la faire remettre, mais vous l'avez quand même."

"C'est comme quand vous avez la légion d'honneur. Vous n'êtes pas obligé de vous la faire remettre, mais vous l'avez quand même"

Certes. Mais certains locataires de l'Elysée avaient soigneusement évité d'aller chercher ce titre dont les rois, puis les présidents français, héritent depuis Henri IV. François Hollande s'y était par exemple refusé, à l'inverse de Nicolas Sarkozy. L'ancien maire de Neuilly avait livré à cette occasion un discours qui avait écorché les oreilles d'une bonne partie des Français. Depuis la Basilique Saint-Jean-de-Latran, il avait clamé que "l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur". Dans le programme d'Emmanuel Macron, la cérémonie, qui consiste en la remise d'une stalle dans la basilique, est prévue sans prise de parole, à 14h30, entre un déjeuner à la Villa Bonaparte, l'ambassade de France au Vatican et une rencontre avec les religieux français résidant à Rome. Le matin même, le chef de l'Etat aura rencontré pour la toute première fois le pape François, avec qui il s'est entretenu une unique fois au téléphone, après le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris.

Emmanuel Macron a déjà livré sa propre adresse aux catholiques le 9 avril dernier au Collège des Bernardins. Onze ans après Nicolas Sarkozy à Latran, il a fait lui aussi bondir les défenseurs de la laïcité en assurant vouloir "réparer", le lien "abimé" entre l'Eglise et l'Etat. Mais ces deux discours n'auraient, toujours à en croire l'Elysée, "rien à voir". Un conseiller assure-même que "celui de Nicolas Sarkozy était un éloge de la foi tandis que celui d'Emmanuel Macron était une analyse de ce que la foi peut apporter à ceux qui l'ont". Deux nuances de chanoine en somme.

Privatisation des barrages français: un acte de haute trahison | Le Club de Mediapart

Privatisation des barrages français: un acte de haute trahison | Le Club de Mediapart

Privatisation des barrages français: un acte de haute trahison

Le gouvernement Philippe, naufrageur de l'intérêt général, a capitulé sans combattre devant une vieille exigence de la Commission européenne. La France sera le seul pays européen à affaiblir un secteur vital en pleine phase de transition vers un nouveau modèle énergétique. Un crime irrémissible contre l'avenir.

Conduite forcée du barrage du Pouget (Aveyron, vallée du Tarn). © EDF Conduite forcée du barrage du Pouget (Aveyron, vallée du Tarn). © EDF
Il fallait s'y attendre. Confier la clef des communs à un transfuge de la banque Rothschild et à un ancien directeur des affaires publiques (autrement dit lobbyiste) d'Areva pour contrer une idéologie d'extrême droite dont on voit bien qu'elle infuse bien au-delà du parti qui l'incarne et s'accommode volontiers du régime néolibéral, sinon l'étaye, c'est comme affecter Renard le goupil et Grimbert le blaireau à la garde de la bergerie pour décourager les entreprises d'Ysengrin le loup : la tentation est trop forte, pour chaque prédateur, de se payer sur l'agneau, en bonne entente avec les autres.

Histoire d'une forfaiture politique

Le 7 février dernier, le gouvernement Philippe, après avoir fait savoir en automne 2017 à l'interfédérale des salariés du secteur hydroélectrique français qu'il ne trouvait rien à redire au principe, a donc acté la privatisation. D'ici 2022, 150 des plus grands barrages (plus de 20 mètres de haut) devraient être vendus, pour une puissance totale de 4,3 GW équivalant à celle de trois réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Le reliquat du parc public, sauf effondrement global, sera mis à l'encan avant 2050. EDF, société détenue à 83,5 % par l'État, gère 85 % des 433 concessions du pays (une concession représente un ou plusieurs barrages raccordés à une même centrale électrique). Engie et des structures régionales comme la Compagnie nationale du Rhône ou la Société hydroélectrique du Midi se partagent les 15 % restants.

Centrales hydrauliques en France. © EDF Centrales hydrauliques en France. © EDF
Cela faisait dix ans que la Commission européenne réclamait cette privatisation, avec un acharnement spécial et suspect de la part de la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager depuis sa nomination en 2014. Macron et Philippe l'ont signée, sans l'ombre d'une hésitation. Il s'agit de mettre fin à l'abus de « position dominante » d'EDF, incompatible avec l'article 106 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. On n'est plus à une incohérence près. Le secteur nucléaire, réputé stratégique mais en faillite, on n'y touche pas ; en revanche, le secteur hydroélectrique, très profitable mais réputé non stratégique par notre tandem, on peut le vendre à la découpe. Les charognards rôdent depuis longtemps et se sont fait connaître : E.ON (Allemagne), Enel (Italie), Vattenfall (Suède) et Alpiq (Suisse), entre autres. Sous la mandature présidentielle précédente, certains avaient au moins fait mine de résister. Les ministres socialistes Delphine Batho et Ségolène Royal, par exemple, avaient tenté de trouver un moyen terme en proposant de créer des sociétés d'économie mixte pour opérer les petits barrages : la puissance publique y aurait conservé une minorité de blocage de 34 % pour encadrer les éventuels repreneurs privés. Le 16 mai 2014, un décret, le no 2014-479, avait même étendu à de nouveaux secteurs de l'énergie, de l'eau, des transports, des télécommunications et de la santé publique les pouvoirs du décret no 2005-1739, qui portent sur la possibilité donnée au gouvernement de mettre un veto sur des investissements étrangers qui portent atteintes aux intérêts stratégiques. Delphine Batho eût souhaité une renationalisation d'EDF, idée hérétique que Bercy s'empressa d'étouffer dans l'œuf. Vains contre-feux. En juin 2015, la Commission européenne, pas dupe de ces manœuvres, a estimé qu'elles contrevenaient à son credo de la concurrence « libre et non faussée » et a sommé Paris « d'accélérer l'ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques ». Notons au passage que, dans la phraséologie néolibérale, la concurrence « libre et non faussée » ne s'applique qu'au secteur économique – avec les nombreuses exceptions que l'on sait – et pas à la compétition électorale, où les rabais arrangeants sont tolérés.

Le gouvernement Philippe avait une arme pour s'opposer à la Commission, ce décret n° 2014-479. Il n'en a pas usé et a même appuyé sur l'accélérateur. Le scandale n'est pas tant que la France soit le seul pays d'Europe auquel on ait demandé de privatiser ses barrages, mais qu'un gouvernement français ait accédé à cette demande le plus servilement du monde, comme si le secteur hydroélectrique n'était pas lui aussi stratégique, ne fût-ce que pour honorer les engagements de la COP21. En Allemagne, les concessions sont déléguées aux Länder et la Slovénie a constitutionnalisé un « grand service public de l'eau ». Hors UE, en Norvège, qui tire 99 % de son électricité des barrages, les licences hydroélectriques ne sont accordées qu'à des opérateurs publics.

Poule aux œufs d'or et indispensable force d'appoint 

Il faut dire que pour la concurrence si chère à Margrethe Vestager, les barrages français, avec leur excédent brut de 2,5 milliards d'euros par an, dont la moitié revient aux collectivités locales, leur masse salariale faible (21 000 salariés) et leurs installations amorties depuis des lustres, sont une proie de choix. La bête, de surcroît, a été techniquement affaiblie dès avant que la Commission ne revînt à la charge, par un certain… Emmanuel Macron : une de ses premières grandes décisions et son premier grand acte de trahison comme ministre de l'économie aura été d'autoriser l'investissement de l'Américain General Electric dans Alstom. General Electric est à présent actionnaire à 50 % de la branche énergie d'Alstom, qui ravitaille en pièces essentielles les centrales nucléaires (turbines Arabelle de Belfort) et les barrages… Dans l'usine GE-hydro de Grenoble, un plan social de 345 postes (sur 800) assombrit l'avenir du site. Depuis plus d'un siècle, forte d'un savoir-faire unique et mondialement reconnu, cette usine fabriquait sur mesure les turbines des grands barrages français et en assurait la maintenance. En plus d'avoir fourni 25 % de la puissance hydraulique installée dans le monde (dont le barrage des Trois-Gorges en Chine, qui n'est sans doute pas son meilleur motif de gloire) et permis l'essor industriel des Alpes françaises, ses carnets de commandes sont pleins. Oui, pleins ! La décision de GE et le silence du gouvernement sur ce dossier, Nicolas Hulot inclus (les couleuvres, à force, lui sortent par la bouche), sont incompréhensibles, à moins d'y voir une volonté délibérée, d'abord subreptice, désormais frontale, de saborder un secteur vital, de la manufacture aux usages.

Car le secteur hydroélectrique est vital, comme le rappelait Martine Orange en novembre 2015. Il représente 12,5 % de la production d'électricité française, près de 70 % des énergies renouvelables. C'est l'électricité la moins onéreuse : de 20 à 30 euros le MWh. Les centrales hydroélectriques fournissent 66 % de la capacité d'appoint rapide lors des pics de consommation (le reste est assuré par les centrales thermiques). Les barrages, par leurs réserves d'eau, compensent l'intermittence des autres énergies renouvelables et, inversement, en cas de surplus de production de ces dernières, reconstituent leurs stocks par pompage. Par ailleurs, certaines installations complexes, avec conduite forcée et vastes lacs de retenue, nécessitent des compétences particulières et un sens avisé de la coordination avec les collectivités locales bénéficiaires, et ne supportent pas l'amateurisme.

Plaquette EDF expliquant le fonctionnement du groupement de barrages associés à la centrale du Pouget (Aveyron). © EDF Plaquette EDF expliquant le fonctionnement du groupement de barrages associés à la centrale du Pouget (Aveyron). © EDF
Enfin, la bonne gestion du niveau des fleuves et rivières est essentielle pour le refroidissement des centrales nucléaires, implantées majoritairement sur des cours d'eau jalonnés de barrages. On ne peut « arrêter le nucléaire » comme on mouche une chandelle. On peut (on doit) geler la construction de nouvelles centrales, on peut (on doit) les faire démanteler par les nucléocrates, qui seraient malvenus de nous accuser de les envoyer à une mort certaine sans se récuser, mais on a l'obligation vis-à-vis des générations futures d'entretenir et de surveiller sur une échelle de temps inédite les sites de production et de stockage. Nous sommes condamnés à accompagner l'interminable agonie de l'industrie nucléaire et le secteur hydroélectrique est partie prenante de cette veillée cauchemardesque. Les deux secteurs sont donc liés stratégiquement et, en l'occurrence, puisqu'il y va de la sécurité collective et même globale, puisque les pollutions nucléaires ignorent les frontières, affaiblir le secteur des barrages est un crime contre l'avenir et contre les nations.
Répartition des parts de production d'énergie en France. © EDF Répartition des parts de production d'énergie en France. © EDF

Planification d'un désastre

Philippe comme Macron ne peuvent ignorer les méfaits et les dangers mortels de l'immixtion de la concurrence dans les secteurs vitaux. Nous ne citerons que l'inquiétant précédent de la grève de la maintenance organisée par General Electric, justement, dans les centrales nucléaires françaises. L'épisode est rappelé par Pierre Gilbert, dans un article très complet sur la question de la privatisation des barrages. C'était en février 2016. General Electric, par le moyen d'une grève « prenant en otage » (salauds de patrons !) toute une industrie sensible, sans que BFMTV ait daigné faire un micro-trottoir auprès des usagers et éventuels riverains que nous sommes, a cherché à obtenir et a obtenu d'EDF, après plusieurs centaines d'incidents, des conditions plus avantageuses (en termes de responsabilité financière en cas… d'incident). La course à la défausse était lancée. La « libre » concurrence libère en premier lieu ses adeptes du scrupule.  

On imagine fort bien à quels types de chantage les nouveaux propriétaires de barrages pourraient se livrer pour augmenter leurs gains au détriment des communs et de la sécurité : rétention jusqu'au seuil de la pénurie pendant les pics de consommation pour faire monter les prix (rien ne l'empêche juridiquement), fin des lâchers d'eau gratuits en fonction des besoins des vallées (loisirs, agriculture), entre autres exemples signalés par Pierre Gilbert. Un opérateur privé va-t-il anticiper les sécheresses en réfléchissant à des plans de stockage sur le long terme ? Et quid de la maintenance ? EDF investit 400 millions d'euros par an dans l'entretien et le renforcement de ses barrages, dont certains ne sont plus tout jeunes et risqueraient, en cas d'économies de bouts de chandelle, de provoquer des catastrophes. Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, a déjà prévenu que certains investissements étaient obérés par l'incertitude pesant sur le destin des barrages français. Hors de question pour l'entreprise de lancer des travaux qui profiteraient à de futurs acquéreurs privés. Sauf que certains travaux sont, pour le dire sèchement, urgents. Voilà le genre de petit jeu malsain qu'alimente la concurrence « libre et non faussée ». Le témoignage de Jean-Louis Chauz, président du Conseil économique, social et environnemental d'Occitanie, illustre bien l'appréhension qui gagne peu à peu les collectivités : « En 2035, le déficit de stockage d'eau pour la nouvelle démographie de la région et les besoins de l'agriculture, des écosystèmes, de la préservation de la biodiversité, sera de 1 milliard de m3. EDF et Engie ont provisionné les budgets nécessaires pour engager les travaux pour le stockage d'eau. À l'heure où l'Occitanie est confrontée à un problème majeur de ressources en eau dans les années à venir, à même de compromettre son développement, voire sa sécurité sanitaire, il est incompréhensible et dangereux de chercher à complexifier une organisation de la gestion de l'eau… »

Et s'il ne fallait retenir de cette privatisation que le gain pour les caisses de l'État, là encore les comptables qui nous gouvernent seraient bien en peine de lui trouver quelque avantage. La Cour des comptes a calculé que si l'État en retirait 520 millions d'euros par an de redevances, ce serait Byzance. 520 millions d'euros, ce n'est jamais que cinq fois moins que l'excédent brut actuel…

Instruire le procès en haute trahison

Dans l'article 68 (révisé en 2007) de la Constitution, il est dit que « le président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat ». Pour un président de la République, la haute trahison, au sens de l'article 68 avant révision, se définit comme l'action volontaire d'aller contre les principes que la Constitution le charge de défendre ès qualités. Parmi ces principes, l'article 5 par exemple : « Le président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale et de l'intégrité du territoire. » Il me semble que cet article 5 englobe la question de l'approvisionnement énergétique. Le président Macron est donc coupable, sur ce dossier, de « manquement », conjointement avec le premier ministre. Le 6 décembre 2017, des députés et élus territoriaux de La France insoumise publiaient une tribune de protestation sur le site Reporterre. Il fallait aller plus loin, frapper plus fort, car un tel « manquement » déchire notre horizon et foule ostensiblement aux pieds la Constitution.   

La privatisation des barrages apporte une énième fois la preuve que nous sommes dirigés soit par des aliénés en plein délire paranoïde[*], soit par des naufrageurs embarqués qui, après avoir ôté les derniers rivets de la carène, sabotent les pompes de secours. Eu égard à la Constitution et à ma conception de l'intérêt général, de même que le renoncement politique sur le glyphosate et plus globalement sur l'addiction française aux produits phytosanitaires, cette décision m'apparaît comme un crime contre les intérêts vitaux de la France et des pays voisins, et contre les générations futures, en tant qu'elle fait obstacle à la transition vers une économie décarbonnée, ajoutant une complexité inutile à une complexité déjà mortifère. Tout crime contre l'avenir relève de la haute trahison. Si un certain monde doit disparaître à l'issue des bouleversements climatiques et énergétiques qui ont commencé, il me semble essentiel d'identifier dès maintenant les saccageurs de ce qu'il reste des sociétés humaines, afin que la colère civique ne se déchaîne pas tous azimuts, qu'elle aille frapper au cœur de l'hydre, plutôt que d'en trancher sottement les têtes sans cesse renaissantes.

Damnatio memoriæ pour MM. Macron et Philippe, ainsi que pour leurs comparses, dès après leur mort politique. 

Sources : 
https://www.mediapart.fr/journal/economie/031115/vers-la-privatisation-des-barrages-au-nom-de-la-concurrence
http://lvsl.fr/scandale-de-la-privatisation-des-barrages-une-retenue-sur-le-bon-sens?utm_source=actus_lilo
https://reporterre.net/La-privatisation-des-barrages-met-en-peril-la-transition-energetique
https://www.romandie.com/news/Maintenance-des-turbines-nucleaires-francaises-negociations-serrees-entre-EDF-et-/708764.rom
https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/13/2758858-barrages-hydroelectriques-ouverture-a-la-concurrence-des-2018-2018.html
http://www.liberation.fr/france/2018/03/12/barrages-un-coup-de-prive-dans-l-eau_1635665

On peut lire également avec profit le rapport remis le 16 mai 2018 par Sud Énergie à la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale (merci à Dominikvan). 
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[*] Le délire paranoïde, selon la psychiatre Magali Bodon-Bruzel, est un syndrome délirant caractéristique de la schizophrénie, à mécanisme multiple (hallucinations, illusions, imaginations, interprétations...), non structuré et non systématisé.