lundi 10 septembre 2018

Les Dubaï Papers

https://m.lesrepliques.com/Les-Dubai-Papers_a2712.html

La poignante vidéo d'un chat qui revoit des images de son maître décédé

La poignante vidéo d'un chat qui revoit des images de son maître décédé

La poignante vidéo d'un chat qui revoit des images de son maître décédé

  • Une vidéo d'une tristesse absolue.
    Une vidéo d'une tristesse absolue. CAPTURE D'ÉCRAN FACEBOOK
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Les chats ne sont pas si indépendants et sauvages que cela. Ils manifestent bel et bien des changements de comportement qui peuvent parfois être difficiles à comprendre lors de la disparition d'un compagnon félin ou humain. Que cette vidéo est touchante !

Une vidéo montrant un chat qui regarde l'écran d'un smartphone avec une image de son maître décédé est devenue virale sur internet, collectant à ce jour, lundi 10 septembre, près de 30 millions de vues.

On y voit en effet un chat regarder un smartphone qui lui montre une vidéo avec le défunt. Puis l'animal presse son museau contre l'écran et reste longtemps dans cette position.

Manuel Valls: ce député Français ( 7.000€/mois ) passe tout son temps en Espagne !

https://www.lavraiedemocratie.org/manuel-valls-ce-depute-francais-7-000e-mois-passe-tout-son-temps-en-espagne/?utm_sq=fv3zrfe3ax&utm_source=facebook&utm_medium=partners&utm_campaign=la_vraie_d%C3%A9mocratie

Mamoudou Gassama parle enfin: "C'est Alex qui tenait l'enfant sur ordre d'Emmanuel Macron".

https://nordpresse.be/mamoudou-gassama-parle-enfin-cest-alex-tenait-lenfant-ordre-demmanuel-macron/

ENQUETE FRANCEINFO. Additifs controversés, arômes obscurs, emballages trompeurs... Pouvez-vous faire confiance aux plats préparés des grands chefs ?

https://mobile.francetvinfo.fr/sante/alimentation/enquete-franceinfo-additifs-controverses-aromes-obscurs-emballages-trompeurs-pouvez-vous-faire-confiance-aux-plats-prepares-des-grands-chefs_2918985.html#xtor=EPR-51-[additifs-controverses-aromes-obscurs-emballages-trompeurs-pouvez-vous-faire-confiance-aux-plats-prepares-des-grands-chefs_2933443]-20180910-[titre]&xtref=acc_dir

Pour 2 mois au Conseil d'État, Wauquiez cumule 13 ans de droits à la retraite - Le Point

Pour 2 mois au Conseil d'État, Wauquiez cumule 13 ans de droits à la retraite - Le Point

Pour 2 mois au Conseil d'État, Wauquiez cumule 13 ans de droits à la retraite

"Je ne suis pas dupe du calendrier de ce genre d'attaques en pleine période de reconstruction de l'opposition", se défend le candidat à la présidence LR.

Laurent Wauquiez brigue la presidence des Republicains (LR).
Laurent Wauquiez brigue la présidence des Républicains (LR). © CITIZENSIDE/Franck CHAPOLARD / Citizenside/ CITIZENSIDE/Franck CHAPOLARD

La campagne de Laurent Wauquiez pour la présidence des Républicains (LR) est loin d'être un long fleuve tranquille. Critiqué pour sa ligne, jugée par certains trop droitière, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes doit affronter une nouvelle polémique. Comme l'a repéré Lyon Capitale, un arrêté au Journal officiel est venu confirmer le renouvellement par Édouard Philippe de sa mise en détachement pour cinq ans de son poste de maître des requêtes au Conseil d'État.

De quel poste s'agit-il  ? Sorti major de sa promotion à l'ENA, le favori à la présidence des Républicains a rejoint le Conseil d'État en 2001. Après un poste d'éditeur, il était ensuite devenu maître des requêtes en 2004. Mais, très rapidement, il est élu député à la suite d'une élection partielle en Haute-Loire et obtient alors sa mise en détachement de la fonction publique deux mois après son entrée en poste. Comme l'explique Lyon Capitale, Laurent Wauquiez pourrait donc réintégrer ses fonctions en cas de défaite électorale dans les cinq ans. Il continue également de cumuler les droits à la retraite liés à ce poste. Il a donc cumulé 13 ans de droits de retraite.

De son côté, l'intéressé se défend. «  Je ne suis pas dupe du calendrier de ce genre d'attaques en pleine période de reconstruction de l'opposition  », écrit-il dans un communiqué consulté par Le Figaro. Et de poursuivre : «  Je suis aujourd'hui dans le régime du détachement prévu par la loi. Je ne perçois évidemment aucune rémunération du Conseil d'État. Comme la loi le prévoit pour tous les élus en détachement, je dois cotiser au régime des pensions civiles de l'État. Il est important de préciser, d'une part, qu'il ne s'agit pas d'un régime spécial de retraite, d'autre part, que tous mes droits à la retraite sont évidemment ouverts par des cotisations que je paye réellement. Cette situation ne m'est pas propre, c'est l'application stricte de la loi pour tous les élus locaux en détachement.  »

Une pratique légale

Cette pratique n'a rien d'illégal. «  La loi Cahuzac de moralisation de la vie politique oblige les parlementaires et les ministres à se mettre en disponibilité, et non plus en détachement, de leurs postes de fonctionnaires  », précise Lyon Capitale. Une loi qui s'applique seulement aux ministres et aux parlementaires. Un fonctionnement qui peut interpeller pour un homme politique qui n'a eu de cesse de s'élever contre l'assistanat.

Avant Laurent Wauquiez, d'autres hommes politiques avaient déjà été confrontés à cette solution. Mais, pour plus de transparence, ils avaient choisi de démissionner à l'image de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de Bruno Le Maire. En 2014, Marianne révélait que François Hollande était resté plus de trente ans en détachement de la Cour des comptes.

Gare TGV Sud de France : un désert à 135 millions d’euros | Contrepoints

Gare TGV Sud de France : un désert à 135 millions d'euros | Contrepoints

Gare TGV Sud de France : un désert à 135 millions d'euros

La nouvelle gare TGV à Montpellier est un fiasco. Mais ce n'est pas grave, c'est le contribuable qui paie…

Par Jonathan Frickert.

Ouverte le 7 juillet mais jamais inaugurée, la gare TGV Sud de France est un nouveau fiasco. Qui attend les discussions prévues dimanche prochain lors de la réunion de crise entre le maire de Montpellier, la SNCF et l'État. L'occasion de chercher une solution pour sortir la toute nouvelle gare TGV de Montpellier d'une impasse qui dure pourtant depuis une vingtaine d'années.

Un aberrant caprice

Construite en pleine campagne, la station TGV Sud de France est implantée à 6 kilomètres du centre de Montpellier. Une distance qui semble courte lorsqu'on sait que la gare TGV de Belfort-Montbéliard est deux fois plus éloignée de la principale ville desservie.

Cependant, la gare cumule les erreurs de conception. Construite en zone inondable, la gare ne comporte que 3 quais et 6 voies pour un trafic ne dépassant pas les 4 trains quotidiens sans correspondance pour Saint-Roch, la gare centrale de Montpellier. Un désert ferroviaire qui suit naturellement le désert intérieur : aucun kiosque, aucune brasserie, aucun commerce. La station semble mort-née.

Le parking ne comporte qu'une seule entrée et ne permet la circulation qu'à sens unique. Il n'existe aucun accès piéton. Le cumul des deux provoque quotidiennement d'importantes difficultés de circulation. Ajoutons à cela l'absence d'une quelconque information des voyageurs, et nous avons tous les éléments d'une déconfiture financière à 135 M€.

Une somme qui devrait passer à 182 millions en cas de prolongement des lignes de tramway. Un coût supporté aux deux tiers par l'État et par RFF, qui gère le réseau ferroviaire. Un quart du budget relève de la Région. Le dixième restant est supporté par les agglomérations montpelliéraines et nîmoises.

Néanmoins, ce drame aurait pu être évité il y a déjà 20 ans.

Un fiasco évitable

La clef de l'attrait économique d'un territoire réside dans deux choses : la qualité des infrastructures et la pression fiscale. Ainsi il est naturel que tout édile se retrouve à souhaiter sa part du gâteau. Or, les choses se compliquent lorsque l'idée n'a, manifestement, aucun intérêt, comme dans le cas d'espèce.

Cela n'a toutefois pas arrêté l'initiateur du projet, feu Georges Frêche, qui, dès 1998, a souhaité disposer d'un arrêt TGV proche de l'aéroport Montpellier-Méditerranée, situé en bord de mer. Une lubie, puisque la gare Saint-Roch accueillait déjà des trains à grande vitesse et que l'aéroport dispose depuis 2003 d'une liaison avec le centre-ville qui ne prend pas plus de 15 minutes.

Seulement, la communauté d'agglomérations montpelliéraines relance le projet avec pour objectif de créer une liaison vers Perpignan contournant les autres stations à proximité et de désencombrer Saint-Roch du fret. Une idée que refuse dès lors la SNCF, laissant à RFF le soin de manifester son intérêt.

En 2008, la Cour des comptes dénonce dans le même rapport la gare TGV de Nancy, basée à 30 kilomètres du centre-ville, et la future gare TGV montpelliéraine.

Cinq ans plus tard, le même organisme recommande d'éviter toute implantation en rase campagne.

Le plan immobilier du quartier Odysseum, initié en 1998 et toujours en construction au moment où nous écrivons ces lignes, tiendra à bout de bras le projet.

Sentant venir le raté, la toute récente région Occitanie se désengage en 2016, mais il est déjà trop tard. La gare est terminée début juillet 2018, avec les contrariétés que nous venons d'évoquer.

Ce n'est pas cher, c'est le contribuable qui paie

Si la subsidiarité est souvent citée en matière de compétences administratives, force est de constater qu'elle s'applique également en matière de transports.

Installer une nouvelle gare TGV à un coût aussi exorbitant pour un volume de passagers aussi infime revient à demander au président de la République de régler un problème de voisinage.

Rénover le réseau ferroviaire existant et améliorer la desserte urbaine entre le quartier Odysseum et Saint-Roch auraient sans doute été plus pertinent et moins cher, car compte tenu de la structure de financement du projet, cette mascarade aura coûté la somme de 1,60 € à chaque lecteur du présent article, le prix d'un café ou d'un ticket de transports en commun pour chaque Français ; une somme qui passe à 4,50 € pour nos amis d'Occitanie.

On ne remerciera jamais assez le contribuable …

dimanche 9 septembre 2018

L’ex-maire de Lyon soupçonné de «détournement de fonds publics» - Libération

L'ex-maire de Lyon soupçonné de «détournement de fonds publics» - Libération

L'ex-maire de Lyon soupçonné de «détournement de fonds publics»

Des élus LR de la métropole ont porté plainte contre X afin de déterminer si les ressources locales avaient été utilisées pour servir la campagne d'Emmanuel Macron.

Gérard Collomd, sur les Champs-Elysées le 31 décembre. (Image d'illustration)
Gérard Collomd, sur les Champs-Elysées le 31 décembre. (Image d'illustration) Photo Guillaume Souvant. AFP

La plainte a été déposée contre X mais elle vise clairement la métropole et la mairie de Lyon, époque Gérard Collomb. Et c'est bien le ministre de l'Intérieur, ancien patron des deux collectivités, que ciblent ces soupçons de «détournement de fonds publics». Des élus Les Républicains de la métropole lyonnaise ont saisi le 11 juin le procureur de la République, afin de déterminer si l'argent du contribuable a servi à financer la campagne du candidat Macron, sous l'impulsion de Gérard Collomb. Soutien de la première heure de l'ancien locataire de Bercy, le baron lyonnais ne s'est jamais caché de mettre son réseau à disposition de son poulain.

La plainte des élus de droite vise notamment la double casquette de Jean-Marie Girier, directeur de cabinet du maire et en même temps directeur de campagne de Macron pendant plusieurs mois. «Or, en réalité, depuis le milieu de l'année 2016, il apparaîtrait (et ce point semble être de notoriété publique) que celui-ci n'exerçait plus [à la métropole] aucune fonction réelle, étant en charge de la campagne d'Emmanuel Macron à temps plein», détaille le document transmis au procureur.

Raout

Des accusations que rejette le président de la métropole, David Kimelfeld, successeur de Collomb. «C'est une affaire politique, estime son cabinet. On a déjà répondu par de longs courriers à toutes les questions évoquées, on a donné des pièces, les réponses ont été claires. Nous ne communiquerons pas le calendrier des congés de cet agent [Jean-Marie Girier], il s'agit de sa vie privée.» Et si la collectivité reconnaît un usage de son adresse mail à titre personnel (en l'occurrence en tant que stratège de la campagne de Macron), elle dit ne pas considérer cette utilisation comme «abusive».

Pas plus que les moyens déployés pour la réception d'Emmanuel Macron le 2 juin 2016 à l'hôtel de ville de Lyon, qui se voulait officiellement être un accueil du ministre de l'Economie dans un cadre républicain . Mais selon Les Républicains du Rhône, ce raout ressemblait à «une organisation au service du candidat à la présidence de la République». L'annexe parisienne de la métropole lyonnaise aurait également servi de pied à terre à En marche avant que le mouvement ne s'installe dans son propre QG.

A lire aussiMacron, Collomb, Ginon : les bons coups font les bons amis

Les Macron Leaks prouvent que la principale base arrière des marcheurs a bien été la mairie de Collomb. Un mélange des genres acté le 31 mai 2016. Dans un mail adressé à Stéphane Séjourné, membre du premier cercle de Macron, le chef de cabinet de Collomb fait une «proposition d'organisation pour En marche Lyon Rhône», précisant que les «trois postes principaux sont occupés par des personnes employées à la mairie» de Lyon . Figure, aux côtés de Girier, Fabien Guéguen, chargé de mission à la mairie devenu depuis assistant parlementaire du député LREM du Rhône Jean-Louis Touraine, un vieux compagnon de Collomb. Et Arthur Empereur, collaborateur du sénateur et maire de Lyon pendant cinq ans et membre du cabinet municipal depuis 2014. Aujourd'hui, comme Girier, il a intégré le cabinet de Collomb à Beauvau.

Chaises musicales

Au-delà de ce jeu de chaises musicales, le maire Collomb a-t-il mis à disposition du candidat certains employés de la mairie ? C'est ce que laissent penser quatre arrêtés municipaux qu'a retrouvés Libération. Inscrits aux bulletins officiels de la ville de Lyon des 6 et 13 février 2017, ces arrêtés n°1138, 1224, 1247 et 1330 restreignent la circulation des véhicules et leur stationnement dans certaines rues du quartier de Gerland «pour assurer la sécurité des usagers, pour permettre le bon déroulement d'un meeting au palais des sports». L'événement se tient le 4 février 2017. C'est le grand show qui propulse la campagne d'Emmanuel Macron. Or, ce n'est pas la direction de campagne ni son mouvement En marche qui ont fait la demande d'arrêté mais le service du protocole du cabinet du maire. Les demandes d'arrêtés de circulation émanant du protocole concernent normalement des cérémonies officielles ou commémoratives. Les vœux de la municipalité, les visites de dignitaires, l'anniversaire de la rafle de la rue Saint-Catherine… Des événements publics et non privés comme une réunion à caractère électoral. Mais de janvier 2017 à aujourd'hui, le meeting LREM est le seul événement politique pour lequel le cabinet du maire aura fait une demande «d'arrêté de circulation».

Maïté Darnault Correspondante à Lyon

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse | Contrepoints

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse | Contrepoints

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse

Par Benoît Rittaud.

Normalement, je devrais être en train d'écrire quelque chose sur la première journée de la conférence organisée à l'université de Porto par l'Independent Committee on Geoethics. Et puis je suis tombé sur un nouvel appel incontournable, cette fois publié par Libération. Les climato-réalistes n'étant pas encore « maîtres des horloges » (©Emmanuel Macron), il me semble hélas plus urgent de réagir à cette nouvelle bêtise alarmiste que de faire un compte-rendu de ce qui s'est passé à Porto aujourd'hui.

Rien qu'à voir la couverture de Libé annonçant ce million-et-unième « appel », on sait d'emblée que l'intelligence et le sens de la mesure n'y ont pas leur place.

Une telle couverture nous fait entrer d'emblée dans la climatologie tabloïde dont on n'est certes pas surpris que Libé se fasse le porte-voix complaisant.

700 scientifiques, c'est du lourd. Autre chose, a dû se dire Libé, que les acteurs et chanteurs de l'appel précédent qu'a lancé son concurrent Le Monde il y a à peine quelques jours. Et vu l'indigence pitoyable de cet autre appel (il va bientôt falloir les numéroter pour qu'on s'y retrouve), on peut penser qu'il a été demandé aux signataires de faire en sorte que les lecteurs en aient cette fois un peu pour leur argent. Ils n'ont pas dû être déçus : des drames, de la peur, des excès, des affirmations fausses… on a droit à tout. Les acteurs du millionième appel de l'autre jour n'avaient rien à dire. Au fond, c'était peut-être mieux.

Le fameux « réchauffement »

Je vais me concentrer sur le tout début de l'appel, en principe le plus « scientifique » de l'appel, au sens où il est censé, comme d'habitude, peindre le paysage qui justifie l'action rapide, les efforts massifs, l'absolue nécessité de tout repenser, et autres changements de paradigme.

Nous sommes d'ores et déjà pleinement entrés dans le « futur climatique ». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l'aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d'écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc.  : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s'accumuler. Quant au futur, les projections d'impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances.

La hausse des températures moyennes est principalement tirée de l'imagination fertile des signataires, qui tient davantage du wishful thinking que de l'analyse raisonnable des données disponibles. On sait en effet que, hormis un récent événement océanique (El Niño) qui a ponctuellement réchauffé la Terre en 2015-2016, la température moyenne de la planète est relativement stable depuis le début du siècle. Même les carbocentristes les plus acharnés conviennent a minima que l'augmentation de la température a fortement ralenti ces dernières années. Pour l'illustrer, voici par exemple les données satellitaires UAH :

La courbe bleue montre clairement que nous sommes sortis de l'El Niño et que, hormis donc cette singularité d'origine parfaitement naturelle (mais mal comprise), les fluctuations de température tournent autour d'une valeur qui n'évolue pas beaucoup depuis environ 2001. Même le GIEC en a d'ailleurs convenu dans son dernier rapport (la fameuse Box 9.2).

Aussitôt ensuite vient ce morceau de phrase qui relève de la pure malhonnêteté intellectuelle au sujet de la « récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été ». D'abord, les signataires n'ont pas l'air au courant que l'hémisphère nord a aussi connu des épisodes neigeux inattendus cet été en Amérique du nord aussi bien qu'en Europe centrale. (Reconnaissons toutefois que, l'« appel » étant franco-français, il convient de postuler que la France représente le monde.)

Météo, climat et confusion

Ensuite, la météo n'est pas le climat : il peut très bien faire chaud un été quelque part dans le monde sans que cela soit représentatif, et… bon, j'arrête, j'entends déjà des contradicteurs m'expliquer que je suis dans une posture de déni et que je refuse de voir l'évidence.

Prenons donc les choses d'une autre manière. En décembre dernier, l'Amérique du nord a connu une grosse vague de froid, conduisant Donald Trump à publier le tweet que voici :

Une ânerie car, comme je viens de le dire, la météo n'est pas le climat, et un événement ponctuel ne prouve rien. Heureusement, quand il s'agit de s'en prendre aux négationnistes du climat, nos vaillants climatologues sont là. (Ouf !) Par exemple, découvrant l'énormité proférée par le vilain Trump, le sang de Valérie Masson-Delmotte n'avait fait qu'un tour sur FranceInfo :

Franceinfo : Comment avez-vous réagi en découvrant ce tweet de Donald Trump ?

Valérie Masson-Delmotte : Quand j'ai pris connaissance de ce tweet, j'ai cru que c'était une caricature et c'est malheureusement le président des États-Unis qui s'est ainsi exprimé. Ce qu'il fait c'est qu'il confond la météo, localement et instantanément, et le climat, c'est-à-dire l'évolution à l'échelle de la planète et sur le long terme. Malgré la vague de froid aux États-Unis, si l'on prend par exemple l'ensemble des températures à la surface de la terre, aujourd'hui on est à 1°C de plus ponctuellement par rapport aux températures moyennes des 30 ans précédents. On voit qu'il y a vraiment une volonté de tromper le public comme l'avait fait un sénateur conservateur américain il y a quelques années qui s'était filmé jouant avec une boule de neige pour mettre en cause la réalité du changement climatique.

Au cas où vous auriez un doute : oui, Valérie Masson-Delmotte fait bien partie des 700 de l'appel d'aujourd'hui, où le coup de chaud de cet été sert d'argument dès la troisième ligne.

Bel exemple de lucidité scientifique à géométrie variable, donc. C'est la méthode du cliquet, bien connue de la climatologie contemporaine : quand il fait chaud c'est le climat, quand il fait froid c'est la météo. Bien sûr, ce type d'entorse à la rigueur doit être toléré puisqu'il s'agit de faire le Bien. D'ailleurs, ne trouve-t-on pas aussi dans la liste des signataires cet autre membre de la fine fleur de la climatologie carbocentriste française qu'est François-Marie Bréon qui, il y a quelques semaines, étalait dans Libération (déjà) son appel à la dictature climatique

Il est 2h40 du matin ici à Porto, alors j'espère que vous ne m'en voulez pas de ne pas poursuivre mon exégèse de ce nouvel appel. Les trois premières lignes en ont déjà dit fort long. La banquise, la hausse du niveau marin, l'acidification… il faudrait finir d'y passer la nuit.

Eux sont 700, ils ont le temps et les moyens… il y a quand même des moments où l'on se sent bien petit devant les efforts qui restent à accomplir pour sortir enfin de cette nasse.

vendredi 7 septembre 2018

Lettre ouverte au président Manu, par Michel Onfray — RT en français

Lettre ouverte au président Manu, par Michel Onfray — RT en français

Lettre ouverte au président Manu, par Michel Onfray

Lettre ouverte au président Manu, par Michel Onfray

Dans la tradition littéraire des pamphlets et de la satire politique, le philosophe et essayiste français Michel Onfray réagit à la nomination de Philippe Besson, ami du couple Macron, au poste de consul de France à Los Angeles.

Votre Altesse,

Votre Excellence,

Votre Sérénité,

Mon cher Manu,

Mon Roy,

   La presse a rapporté il y a peu que tu avais nommé un gueux pour représenter la nation à Los Angeles. Il aurait pour seul titre de noblesse diplomatique, disent les mauvaises langues, les jaloux et les envieux, un livre hagiographique sur ta campagne présidentielle. En dehors de ce fait d'arme si peu notoire que personne n'en connaît le titre, pas plus d'ailleurs que celui des autres ouvrages du susdit, la plume est bien de celles qui se trouvent dans les parties les moins nobles de la profession : le croupion, car c'est celle que découvre le plus souvent la position de soumission inhérente à la fonction des gendelettres – la prosternation. De Sartre à BHL chez Sarko (après Mao), d'Aragon à André Glucskmann chez le même Sarko (après Mao lui aussi), de Drieu la Rochelle à Sollers chez Balladur (après Mao également), de Brasillach à Kristeva chez le Bulgare Jivkov (après Mao elle aussi), les cent dernières années n'ont pas manqué d'écrivains doués… pour l'agenouillement politique!

    Philippe Besson entre dans cette vieille catégorie du valet de plume, mais on sait désormais de quelle plumasserie ce jeune homme comme il faut relève. Ce genre de plume n'est pas celui des plus talentueux, mais c'est celui des plus vendus – je parle de l'homme, pas de l'auteur. 

   Manu, on comprend que, toi qui aimes tant les lettres, tu aies envie de câlins venus des écrivains les plus à même de marquer le siècle et d'entrer dans la Pléiade quand tu seras redevenu banquier. Mais si ce siècle doit être marqué par toi, il n'y a pas grand dommage à ce qu'il le soit aussi par Besson le petit (à ne pas confondre avec Besson le grand, l'écrivain Patrick, ni avec Besson la championne d'athlétisme, Colette, ou bien encore avec Eric, le traître passé de Ségolène à Sarkozy en pleine campagne présidentielle, ou bien encore avec le Minimoy, Luc).  

   Avant d'être flagorneur, Besson-le-Petit a été directeur des ressources humaines auprès de Laurence Parisot, dame du MEDEF, mais aussi auteur de scénario de téléfilms, donc chevalier des Arts et Lettres. Convenons-en, tout ceci légitime l'affirmation d'Arlette Chabot, qui faisait déjà de l'éditorialisme politique à la télévision quand elle était en noir et blanc, la télévision, et n'avait qu'une seule chaîne. Courageuse, audacieuse, résistante, rebelle, insoumise, l'Arlette n'a en effet pas craint d'affirmer sur l'un des médias qui l'appointent que tout ceci était habituel : Napoléon n'avait-il pas nommé Chateaubriand en son temps et de Gaulle Romain Gary? En effet, en effet… Arlette, chère Arlette, vous qui avez déjà les grades de chevalier puis d'officier de la Légion d'honneur, je vous promets le grade supérieur pour bientôt! Si ce n'est déjà fait, car vous méritez d'y avoir votre rond de serviette, vous serez aussi bientôt invitée à la table de notre grand Mamamouchi en compagnie du vérandaliste Stéphane Bern et des frères Bogdanov, les éminents membres correspondants de la NASA française.  

   Votre Excellence, votre Sérénité, mon Roy, votre Altesse, mon cher Manu, il a tout de même fallu, pour que cette affectation de copinage ait lieu, que tu prennes la décision d'un décret modifiant les règles de la nomination des diplomates afin que ce ne soit plus le Quai d'Orsay qui ait la main mais le gouvernement, c'est à dire, toi tout seul, chacun le sait. C'est ce que les langues vipérines qualifient de fait du prince… Le décret te permet désormais de récompenser des non-fonctionnaires, pourvu qu'ils aient été serviles. Bern ambassadeur chez l'impératrice Sissi ou les Bogdanov nommés pour la même fonction sur Mars, grâce à toi, c'est désormais devenu possible… La France est «great again»!

   J'ai appris qu'en même temps, tu avais rendu possible cet autre fait du prince: madame Agnès Saal a été nommée par un arrêté paru au Journal officiel «haut-fonctionnaire à l'égalité, à la diversité et à la prévention des discriminations auprès du secrétaire général du ministère de la Culture». En voilà un beau poste, et si moral en plus! Un beau jouet emblématique du politiquement correct de notre époque.

   Rappelons un peu le CV de l'heureuse élue que tu gratifies à son tour. Cette dame s'était fait connaître par des notes de taxi dispendieuses, plus de 40 000 euros tout de même, et ce en grande partie au profit de ses enfants, quand elle était directrice générale du centre Pompidou et présidente de l'INA, un institut que tu connais très très bien, n'est-ce pas? Pour ces malversations, elle avait été condamnée à six mois de suspension sans solde (probablement selon les principes de ce que l'on peut désormais nommer la jurisprudence Benalla…), puis à trois mois de prison avec sursis et une double amende. Elle avait été réintégrée en douce au ministère de la Culture à l'été 2016 (il faut faire gaffe aux nominations d'été...) comme chargée de mission auprès du secrétariat général en vue de la finalisation de labellisation AFNOR sur l'égalité professionnelle et la diversité.  

   Précisons aussi ceci : selon Mediapart, la même madame Saal, décidément très récompensée – on se demande pourquoi – figurerait également «dans la liste très restreinte des hauts fonctionnaires, qui, par un arrêté du 3 août 2018 signé par le Premier ministre, ont été inscrits à compter du premier janvier 2018», donc rétroactivement, au «tableau d'avancement à l'échelon spécial du grade d'administrateur général». Ce qui, en d'autres termes, veut dire que, pendant les vacances du Roy à Brégançon, cette procédure qui ne relève pas du traditionnel avancement mais d'une volonté politique expresse, a permis à ladite dame de profiter d'une hausse de son traitement allant jusqu'à 6 138 euros par mois, indemnité de résidence à Paris comprise, soit au total près de 74 000 euros de traitement annuel. S'y ajoute un supplément sous forme d'indemnité qui augmente sa retraite des fonctionnaires d'environ 10%. Quand tu aimes, mon cher Manu, ça n'est pas pour rien et ça se voit!

   Françoise Nyssen, rappelons-le pour les millions de Français qui l'ignorent encore, est ministre de la Culture. C'est elle qui a mis en musique la mélodie sifflée à son oreille par le président. Face au déchaînement que cette nomination a légitimement suscité, elle fait savoir ceci sur les réseaux sociaux: «J'ai nommé Mme Agnès Saal [j'épèle : S . A . A . L,  car on pourrait mal orthographier…] haute fonctionnaire à l'égalité et à la diversité. J'ai fait de cette cause une priorité dès mon arrivée au ministère de la Culture. La qualité de son engagement et de son travail au service de ces valeurs fondamentales devrait guider les commentaires aujourd'hui». On ignore quelle est la «cause» en question : madame Saal, ou les fameuses valeurs ici prises en ôtage?

   Mais Françoise Nyssen, c'est également l'éditrice qui a sciemment fraudé deux fois le fisc en ne déclarant pas de considérables agrandissements d'espace, une fois en Arles, au siège de sa maison d'édition, une autre fois à Paris. Le Canard enchaîné, qui a levé le lièvre, a chiffré la fortune économisée par ce double forfait! Ca en fait des APL pour les étudiants désargentés, je te jure!

  Qui se ressemble s'assemble. Dès lors, il était normal que, sous ton autorité, sous tes ordres, selon ton désir, selon ton souhait, selon ta volonté, selon tes vœux, mon Prince, mon Roy, mon grand Mamamouchi, le vice récompense le vice. En un peu plus d'un an, de Richard Ferrand à Alexandre Benalla, via cette dame Saal, tu nous y as déjà tellement habitués!

   Sais-tu, mon cher Manu, que des caissières qui ont utilisé à leur petit profit des bons de réduction de deux ou trois euros qui trainaient sur la caisse, ou que des employés de grand magasin qui ont mangé un fruit prélevé dans les rayonnages, ont été sèchement licenciés, eux, sans indemnités, sans planques payées par les contribuables et sans possibilité de retrouver du travail fort bien payé avec les avantages de la fonction à la clé? Probablement une nouvelle belle et grosse voiture avec chauffeur…

   J'ai appris aussi que ton si bon ami Benalla s'était rendu coupable de charmants forfaits depuis ceux que l'on a bien connus l'été dernier. Mais l'incendie a été joliment éteint – sûrement pas avec l'eau de la piscine que tu t'es fait construire à Brégançon, pas pour toi, oh non, bien sûr, mais par altruisme, pour les enfants du personnel de la résidence royale plus sûrement. 

   En garde à vue, la police a souhaité perquisitionner le domicile de ton si cher ami Benalla. Elle voulait notamment accéder à son coffre-fort. Tenus par la loi à ne pas entrer dans l'appartement avant l'heure légale, les policiers ont posé des scellés le soir et attendu le lendemain. Mais le coffre-fort a été vidé dans la nuit! On a le bras long chez les Benalla puisque du commissariat on peut atteindre un coffre-fort chez soi en pleine nuit. Les quatre armes qui devaient s'y trouver n'y étaient plus – soit tout de même trois pistolets et un fusil, pour un homme qui n'a que deux mains, ça fait tout de même beaucoup… Sa femme avait les clés, il avait dit qu'elle était à l'étranger : elle se cachait en fait dans le seizième arrondissement de Paris. Il est vrai que pour de nombreux français cet arrondissement de nantis équivaut bien à un pays étranger.  

   Votre Excellence, votre Sérénité, mon Roy, votre Altesse, mon cher Manu, il me semble tout de même qu'il vaut mieux faire partie de ta cour que d'être un senior amputé de sa retraite, être un plumitif courbé plutôt qu'un écrivain debout, être une énarque de gauche qui tape dans la caisse de l'Etat pour financer les transports de sa progéniture, plutôt qu'un étudiant à qui tu voles dans sa poche cinq euros d'APL, être un cogneur de manifestants avec un brassard de la police et une accréditation de l'Elysée qu'un syndicaliste défendant le droit du travail.   

   Votre Excellence, votre Sérénité, mon Roy, votre Altesse, mon cher Manu, j'aimerais que tu m'aimes et ce pour trois raisons. La première : pour être nommé sans compétence consul des provinces et des régions françaises dans le sixième arrondissement de Paris, voire le seizième – tu le peux, je le sais, il suffit que tu le veuilles ; la deuxième : pour permettre à ma vieille mère qui n'a pas son permis de conduire et qui a quatre-vingt-quatre ans, de pouvoir disposer d'un taxi gratuit à n'importe quelle heure du jour et de la nuit pour aller faire ses visites médicales à une demi-heure de chez elle, le tout payé avec l'argent du contribuable  tu le peux, je le sais, il suffit que tu le veuilles ; la troisième : pour avoir chez moi des armes à feu en quantité, mais aussi et surtout, pour pouvoir tabasser les gens qui me déplaisent en portant un casque sur la tête, en distribuant des coups de matraque et en disposant de CRS ou de la police comme couverture à mes descentes de petite-frappe – tu le peux, je le sais, il suffit que tu le veuilles.

   S'il te plait, votre Excellence, votre Sérénité, mon Roy, votre Altesse, mon cher Manu: veuille-le. Je te promets pour ce faire de me prosterner moi aussi, de montrer les plumes de mon cul aux passants, de dire du bien de toi avec des articles, des conférences et des livres, je te jure, j'irai sur les chaînes et les radios du service public pour certifier, comme Arlette Chabot, qu'entre Napoléon, de Gaulle et toi, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de cigarette, Joffrin ne me reconnaîtra pas, il m'aimera peut-être lui aussi comme il a aimé jadis Bernard Tapie et Philippe de Villiers. Je pourrai écrire aussi une biographie de Stéphane Bern avec une préface de Brigitte ex-Trogneux, passer une thèse de physique quantique avec tes amis les frères Bogdanov comme directeurs de travaux. Je pourrais même consacrer un séminaire de littérature comparée à l'œuvre de Philippe Besson que je mettrai en perspective avec celle de James Joyce. S'il te plaît, tu le peux, tu es mon Roy. J'habite place de la Résistance à Caen, fais-moi signe.

   Veuillez, votre Excellence, votre Sérénité, mon Roy, votre Altesse, mon cher Manu, mon chéri, recevoir l'expression de ma considération la plus courtisane. Vive la République, vive la France, mais surtout: Vive Toi !

Michel Onfray

Post-scriptum : des bises à la Reine.

Post-scriptum 2: j'apprends à cette heure que tu as fait du jet-ski à fond les ballons avec Brigitte quand tu étais à Brégançon et ce dans une zone interdite à la navigation et au mouillage - tu y as pourtant grandement navigué et vraiment mouillé. Cette réserve marine protégée ne doit être troublée par aucun véhicule à moteur. Il y eut pourtant tes deux jets-ski et ton gros bateau avec un moteur de 150 chevaux - qui sait, peut être empruntés à Nicolas Hulot, car on sait que, comme toi, il est un écologiste qui collectionne les engins motorisés. Protéger l'environnement marin et préserver la biodiversité dans les eaux du parc national de Port-Cros, pour toi qui fumes du glyphosate chaque matin au petit déjeuner, ça compte pour rien, n'est-ce pas? 

Boisset et Encore reverjac

Rions z'un peu...

jeudi 6 septembre 2018

Affiche casse sociale Gard.jpg

Thomas Porcher, nouvel économiste de la vieille gauche | Contrepoints

Thomas Porcher, nouvel économiste de la vieille gauche | Contrepoints

Thomas Porcher, nouvel économiste de la vieille gauche

Par Emmanuel Martin.

 

La nouvelle coqueluche de la gauche de la gauche s'appelle Thomas Porcher, professeur associé  à la Paris Business School. Look décontracté, cheveux au vent, moustache à la Zorro. Le ton passionné, la Revolución à fleur de peau. Ce membre du comité des « économistes atterrés » séduit.

Il enchaîne les plateaux TV et radio pour y expliquer ses « principes d'autodéfense contre la pensée dominante » qu'on trouve dans son dernier ouvrage grand public : Traité d'économie hérétique (Fayard, 2017). Il tweete dès qu'il le peut pour critiquer le système Macron, qu'il pense libéral.

Mais voilà que suite à un « portrait » dans Le Monde du 3 août, intitulé « Thomas Porcher, l'économie lui va si bien », la tweetosphère s'est emballée. Un tweet taxant le brave Thomas de charlatan et de pseudo-économiste ainsi qu'un autre, fake celui-ci, attribuant à Porcher des propos sur le caractère fictif de la dette publique ont en effet été largement relayés dans la médiasphère, de Dominique Seux à Jean-Michel Apathie. Comme Porcher a tout de même pas mal de publications scientifiques sur son CV, certains ont pu voir dans le déferlement de critiques une réaction des « chiens de garde ».

Mais la dette c'est pas grave. Embauchez Thomas Porcher, il va vous expliquer.

— JOD (@jo_delb)

Analyses intéressantes, conclusions qui ne suivent pas

Je confesse bien aimer cet économiste qui pourtant se dit antilibéral. En fait, l'économiste libéral que je suis le rejoint sur pas mal de points d'analyse. Dommage que ses conclusions ne suivent pas. Comme si son tropisme vers la gauche et le collectivisme l'empêchait au final de raisonner juste.

À la lecture de son ouvrage, et à l'écouter sur les plateaux, on prendrait la France pour un pays ultra-libéral avec une dépense publique proche de 0 % du PIB et aucune réglementation. Je réagis ici sur quelques points seulement. Il y en aurait bien d'autres, de la critique de l'idée de réussite individuelle à la crise des subprimes, en passant par les « réformes » du marché du travail en France.

"pour ne plus accepter comme une fatalité (...) le discours dominant" Traité d'économie hérétique par @PorcherThomas

— RAZOOR (@razoor777)

Le négationnisme économique

Le « traité » de Porcher est dans une large mesure une contre-critique à l'ouvrage de Pierre Cahuc et André Zylberberg Le négationnisme économique (Flammarion, 2016) qui se voulait lui, une critique à l'hétérodoxie de gauche, et notamment des économistes atterrés. Porcher s'enflamme contre l'idée d'une sorte de monopole de la vérité détenu par quelques-uns (une forme de dogmatisme donc), qui au-delà du champ méthodologique, prôneraient en plus la réforme de l'État providence actuel, le libre échange — et autres horreurs libérales ou presque.

Hérétique et fier de l'être, donc.

Dans une tribune, à l'époque, Pascal Salin et moi-même avions réagi à l'ouvrage de Cahuc et Zylberberg. Nous y dénoncions l'usage du terme « négationnisme » à l'encontre de ses contradicteurs, qui relevait selon nous « d'une attitude arrogante consistant à prétendre qu'on est seul à posséder la vérité ». Contre le monopole « paradigmatique », nous plaidions en faveur du pluralisme, essentiel au processus critique de l'avancée de la connaissance.

Le pluralisme méthodologique et intellectuel est le signe d'un « marché des idées » sain et vivace. Si au plan de la politique économique nous sommes plus proches de Cahuc et Zylberberg, le doute de Thomas est donc également le nôtre en matière d'épistémologie.

Le réchauffement de la pensée

De manière assez ironique cependant, notre économiste ne s'applique pas le même critère lorsqu'il traite du réchauffement climatique. Car sur ce sujet, selon lui, « tout le monde s'accorde à dire que » l'activité de l'homme est la cause majeure de l'évolution du climat. Ici l'idée de consensus qui impose sa vérité ne pose visiblement plus problème à notre économiste atterré…

Pourtant notre capacité à mesurer les causalités extrêmement complexes entre des phénomènes liés au climat (évolutions des courants océaniques, de l'activité solaire, des nuages, de la géothermie, etc. et même du CO2) est en réalité encore limitée. Le climat a varié très fortement bien avant la révolution industrielle. Et la priorité donnée au climat occulte de nombreuses questions environnementales pourtant urgentes.

Beaucoup de personnes « dures de l'oreille », comme le dit Porcher, restent donc sceptiques sur des conclusions définitives en la matière. Pas parce qu'elles sont stupides, sourdes, ou payées par des compagnies pétrolières. Mais parce qu'elles ont justement une certaine idée de la science et des limites du « consensus » ; surtout sur des questions hautement politisées.

En matière de politique climatique d'ailleurs, Porcher dit son scepticisme à l'égard du marché carbone.  Beaucoup de libéraux, même s'ils sont en règle générale en faveur de « solutions de marchés » pour protéger l'environnement, sont tout aussi sceptiques ici, ce dispositif tenant davantage du « marché bureaucratique ».

L'épouvantail de la dette

Un autre dada de Porcher, c'est la dette. En gros, la dette est un épouvantail pour nous forcer à avaler les couleuvres de l'austérité, et elle n'est pas un problème. Évidemment, parler de l'austérité en France, pays quasi-champion du monde avec plus de 57 % de dépense publique dans le PIB (mais ça non plus ce n'est pas un problème), a de quoi faire un peu sourire.

Les libéraux parlent d'ailleurs bien plus volontiers de « faustérité » en ce qui concerne l'Hexagone : en dépit de quelques efforts, baisser la dépense tient quand même encore essentiellement du discours pour séduire les partenaires européens un tantinet nerveux du Paquebot France filant sur l'iceberg.

Porcher rappelle que la dépense publique ce sont aussi des hôpitaux, des pompiers, des écoles, des soins gratuits etc. On peut lui rétorquer ici deux choses. D'abord que même en conservant le système interventionniste actuel, il est possible de dépenser beaucoup mieux (la Cour des comptes a quelques idées sur le sujet) et donc de faire in fine des économies par exemple en frais financiers (et donc de pouvoir bénéficier de plus de classes et de lits d'hôpitaux). Rationaliser la dépense là où cela est nécessaire n'est pas systématiquement une mauvaise chose : la Corne d'Abondance n'existe malheureusement pas. Ensuite, qu'un système alternatif (utopie quand tu nous tiens !) fondé sur la liberté et la responsabilité peut également rendre ces mêmes services sur une base lucrative, et non lucrative (mutualiste etc.).

Mais revenons à la dette : selon Porcher, en 1945 la France se coltinait 200 % d'endettement, ce qui n'a pas été un problème parce qu'une taxe a été mise en place sur les patrimoines, que nous avons laissé filé l'inflation (l'impôt du pauvre) et restructuré la dette. Cela n'a pas été un problème, parce qu'on avait trouvé la solution : en gros, voler tout le monde. Très cool en effet. Passons sur le fait qu'en 1945 la situation était bien particulière compte tenu d'un besoin urgent de reconstruction. Sans doute pas un modèle idéal en temps de paix.

Le libre-échange

« Ne croyez pas que le libre-échange profite à tous ». Certains effectivement peuvent perdre au libre-échange : ce dernier induit des adaptations qui pour beaucoup se révèlent très difficiles, en fonction de leur âge, de leur métier, de leur lieu de vie etc.  Mais de même que certains perdent au jeu de la concurrence et que d'autres perdent du fait de l'innovation…

Je doute que les libéraux remettent en cause le China-shock par exemple. Mais globalement, en tant que consommateurs-producteurs nous gagnons au libre-échange, sans doute d'ailleurs parce qu'il permet, comme Adam Smith le relevait, une augmentation de la taille du marché, c'est-à-dire du potentiel d'opportunités pour chacun d'entre nous.

Mais il est évidemment plus facile de collecter tout un tas d'exemples, visibles, d'entreprises qui ferment du fait de la concurrence étrangère, que de relever la somme colossale des petits avantages apportés à chacun par le libre-échange, en termes de prix comme d'accès à une diversité impressionnante de produits.

D'un autre côté, le protectionnisme est-il aussi simple à mettre en place sans représailles ? Les gouvernements ont-ils la connaissance suffisante pour instaurer les mesures de protection « intelligentes » comme disent certains, et les moyens d'éviter les lobbies bénéficiant des protections ? Les libéraux ne le pensent pas.

Porcher reprend un refrain bien rodé : le protectionnisme aurait permis aux États-Unis notamment de se développer à l'abri de barrières douanières. Cette idée a été remise en question : les secteurs ayant tiré la croissance américaine au 19ème siècle n'étaient pas « mondialisés » (bâtiment, chemin de fer). En revanche, le renchérissement du prix des équipements importés (machines outils etc) a réduit l'investissement et donc la croissance. La croissance américaine s'est faite non pas grâce, mais en dépit du protectionnisme.

Et n'oublions pas que les États-Unis ont tout de même profité du libre-échange à l'intérieur du pays, entre États. D'ailleurs, l'un des rares cas de protectionnisme intérieur entre États n'est pas exactement un symbole de réussite : la banque. Au pays du « libéralisme débridé » il était en effet interdit aux banques jusque dans les années 70 d'avoir des succursales entre États.

Dans certains d'entre eux il était même interdit aux banques d'avoir plusieurs agences (c'était le unit banking ). Cela a évidemment contribué à un dangereux morcellement du secteur, affaiblissant considérablement sa capacité à diversifier les risques, notamment durant la Grande Dépression.

Porcher contre la liberté

Presque logiquement, Porcher cible Adam Smith et David Ricardo, les pères du libre-échange. Vu le portrait rapide et peu flatteur qu'il en fait, Porcher n'a visiblement pas apprécié à sa juste valeur Smith, ni dans sa théorie évolutionniste de l'échange ni sa « théorie des sentiments moraux ».  Sur Ricardo, je concède ma proximité d'analyse, et j'ai écrit naguère un petit article sur le sujet. Mais là encore, Porcher ne va pas assez loin. Oui, Ricardo, avec sa théorie des avantages comparatifs, fondée sur l'exemple « deux pays – deux produits », a pu nous induire en erreur, en insistant sur l'échange entre pays – donc une « nationalisation » du concept d'échange, et dans le cadre d'un échange international inter-branches qui plus est.

En réalité l'échange international se pratique entre individus et/ou firmes et il est surtout intra-branches. En outre, cette nationalisation du concept d'échange couplé à cette vision étriquée de la spécialisation internationale a donné lieu à des politiques industrielles nationales fondées sur le développement d'un avantage national. Politique souvent catastrophique puisque, comme le note justement Porcher, fragilisant ces pays en les rendant vulnérable par manque de diversification. Mais précisément, où se trouve donc le libre échange dans ces pratiques de développement planifié de manière centralisée ?

Droit à l'alternative

Pour Porcher, l'économie est une affaire de rapport de pouvoirs exclusivement, de domination/contre-domination, et il est donc permis de sortir d'un cadre de domination, relié à un cadre de pensée (« le discours dominant »). Le discours dominant nous dit avec Macron, que « l'autre politique est un mirage » (ou Thatcher : « il n'y a pas d'alternative »). Porcher veut remettre en cause ces « vérités absolues » : il suffit de luttes sociales pour faire bouger les lignes de domination, comme en 36, en 45 ou même en 81. Il y a un droit à l'alternative, en somme.

Dans ce cadre de domination, Porcher insiste d'ailleurs sur le pouvoir des lobbies des multinationales. Même s'il oublie au passage les lobbies publics ainsi que les lobbies en faveur du protectionnisme, on se réjouit tout de même de voir qu'il s'inspire de la théorie du Public Choice, développée par des économistes libéraux. Et ces derniers ne sont pas non plus exactement fans du capitalisme de connivence. Sans doute d'ailleurs est-ce là un malentendu fondamental chez Porcher : confondre libéralisme et capitalisme de connivence.

Quoi qu'il en soit, s'il est certain que l'économie est une science humaine, faite de rapports humains, d'institutions humaines, de « conventions », cela veut-il dire qu'il n'y a pas de « lois de causalité » en économie (comme en physique, mais moins précises évidemment) ? Le politique peut-il modeler l'économie aussi facilement sans perturber ces lois ? Peut-on doubler le salaire minimum sans conséquence ? Peut-on instaurer les 25 heures par semaine sans conséquences ?

Les libéraux, dont certains sont de grands théoriciens des institutions, pensent que non. Pas par une espèce de cynisme social, mais par simple humilité : le constructivisme social engendre des conséquences inattendues et des effets pervers que les beaux penseurs n'anticipent pas, et généralement ne paient pas.

C'est pour cela que les libéraux — comme Porcher — étaient réfractaires à l'Euro et à la construction européenne bureaucratique. Friedman anticipait dès 1999 que la première grande crise en Europe poserait de sacrés problèmes à la monnaie unique. Au milieu des années 90 Salin écrivait contre la « monnaie constructiviste ».

Ils avaient raison : les responsables de cette tragédie n'ont pas payé leur dû. En même temps, c'est aussi du fait de l'Europe et de la politique monétaire européenne — et au poids de l'Allemagne dans l'Euro – que la dette française se paie si peu cher aujourd'hui et que la dépense publique peut continuer à ne pas être sérieusement réformée. Au grand bonheur de M. Porcher.

Le droit à l'alternative ? Chiche. C'est ce que proposent justement les vrais libéraux.