mardi 3 juillet 2018

SAINT-FÉLIX-DE-PALLIERES L’État met en demeure l’ancien exploitant minier - Objectif Gard

SAINT-FÉLIX-DE-PALLIERES L'État met en demeure l'ancien exploitant minier - Objectif Gard

SAINT-FÉLIX-DE-PALLIERES L'État met en demeure l'ancien exploitant minier

Le préfet du Gard, Didier Lauga, somme l'ancienne société minière Umicore de procéder au confinement de plusieurs sites représentant potentiellement des dangers.

La directrice régionale de l'ARS et le préfet du Gard, Didier Lauga (Photo : Coralie Mollaret)

« Il est temps de passer à l'action », lance le haut fonctionnaire. Didier Lauga ne cache d'ailleurs pas que le dossier des anciennes mines de Saint-Félix-de-Pallières est « d'envergure nationale, voir internationale. »

Fermée en 1999, l'exploitation minière est située sur la faille des Cévennes. Cet héritage naturel et économique influe aujourd'hui sur le quotidien des habitants des communes de Saint-Félix-de-Pallières, Tornac et Thoiras, qui présentent une sur-imprégnation aux polluants, comme l'arsenic.

C'est ce qu'une énième étude sur le sujet, conduite cette fois par Santé Publique France, vient de confirmer. Les experts relèvent également que les poussières dans les logements concentrent deux fois plus de plomb que la moyenne métropolitaine. Toutefois, « il est impossible de lier l'imprégnation des toxiques à d'éventuelles pathologies », poursuit Santé Publique France, qui vient de lancer des travaux en ce sens. Une étude qui prendra très certainement des années.

Signalétique 

En attendant, la préfecture a pris une série de mesures en concertation avec les élus du territoire, l'ARS (Agence régionale de santé) et la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement). À l'automne prochain, l'État installera des panneaux pour rappeler les risques liés à l'historique du site. « Aux abords des anciens dépôts, il y aura des recommandations de type "pique-nique déconseillé", tout comme certains cours d'eau », illustre Didier Lauga.

De quoi faire grincer les dents des acteurs du tourisme et de l'immobilier. Par ailleurs, le représentant de l'État a rappelé « le porté à connaissance » pris par la préfecture en janvier 2017, interdisant la construction et l'agrandissement des maisons. Un coup dur pour l'attractivité du territoire.

Confinement des sites à risque

Le plus gros du dossier réside dans le confinement de cinq sites qui concentrent des polluants. Sans surprise, ces derniers correspondent aux anciennes exploitations minières, comme les dépôts des mines Joseph et Issart sur la commune de Saint-Félix-de-Pallières.

À Thoiras, le site de la Gravouilère abrite aujourd'hui des populations vivant dans des roulottes et autres tentes. « Ce dossier s'annonce compliqué à traiter puisque ces populations ne veulent pas partir », commente le préfet. À cette difficulté s'ajoute celle de l'ancien exploitant. Umicore entend uniquement payer pour le confinement de son ancien centre d'exploitation. Hors de question pour la préfecture qui a mis en demeure l'entreprise en tant que propriétaire des déchets présents sur ces sites. « Ma décision sera contestée en justice par la société », assure, réaliste, Didier Lauga. Une première en France qui fera très certainement jurisprudence pour d'autres dossiers.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

FAIT DU JOUR Un nouveau maire déjanté à la tête de l'État libre de Larnac - Objectif Gard

FAIT DU JOUR Un nouveau maire déjanté à la tête de l'État libre de Larnac - Objectif Gard

FAIT DU JOUR Un nouveau maire déjanté à la tête de l'État libre de Larnac

Le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, Jean-Michel Perret, et son homologue de Larnac (à droite), Julien Vigne. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Après la poignée de main entre Donald Trump et Kim Jong-Un, une autre rencontre historique entre deux sommités du bassin alésien s'est tenue il y a quelques jours. Le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, Jean-Michel Perret, a rencontré son homologue de l'État libre de Larnac, Julien Vigne. Ce dernier, élu pour un an sans même avoir candidaté (c'est dire s'il est apprécié), impose déjà son style en répétant à l'envi : « Je fais ce que je veux… comme tous les maires ! ». Retour sur la nouvelle vie du roi de Larnac.

À mi-chemin entre Alès et Saint-Hilaire-de-Brethmas, les 300 habitants de l'État libre de Larnac coulent des jours paisibles. Sur les hauteurs de ce hameau, qui culmine tout de même à 120 mètres d'altitude, les villageois vivent à l'image de leurs voisins Alésiens ou Saint-Hilairois : ils se nourrissent environ trois fois par jour, conduisent des voitures et certains ont même un travail. Mais pour résider dans cet État très prisé, où tout le monde se connaît, il faut montrer patte blanche en possédant… un grand sens de l'humour. C'est le cas de Julien Vigne, un enfant du village aujourd'hui âgé de 37 ans. La semaine dernière, le trentenaire a été élu maire de l'État libre de Larnac : « je suis victime d'une machination. En même temps, il suffisait d'une seule voix à mon nom pour que je sois élu ! », explique-t-il.

Une soirée pour la libération de Larnac. DR

Jean-Michel Perret inaugure le 18e trou du golf !

Julien Vigne n'est pas le premier à avoir été élu sans avoir son mot à dire. Un ancien du village, aujourd'hui décédé, est resté maire pendant des années : « c'était toujours lui qui gagnait, se souvient Julien. Et souvent, il n'était pas content ». Si personne ne sait vraiment dater le début de ces élections fantasques, on sait en revanche qu'elles viennent clôturer la grande fête annuelle qui se tient courant juin sur la place de Larnac.

C'est lors de cette cérémonie que les habitants font part de leurs multiples revendications au nouvel édile. Celui-ci a ensuite la charge d'aller les défendre devant le maire de la grande ville voisine, en l'occurrence Saint-Hilaire-de-Brethmas. Jean-Michel Perret en rigole encore : « l'an dernier, ils m'ont fait inaugurer le 18e trou du golf des Hauts de Larnac ». Un clin d'œil à cette « guerre du golf » qui l'a longtemps opposé au maire d'Alès, Max Roustan. Mais Jean-Michel Perret, comme son prédécesseur Gérard Roux, ont reçu bien d'autres doléances de Larnac : la construction d'une station de métro, d'un parking souterrain et même d'un téléphérique…

Jean-Michel Perret lors de l'inauguration du golf de Larnac. DR

Le maire : « on veut du travail pour les autres ! »

Pour son premier mandat, Julien Vigne ne manque pas d'idées. Sa première mesure est radicale : il a demandé à ses habitants de ne plus prononcer les mots qu'ils ne savent pas écrire. Et aussi les mots qu'ils ne comprennent pas : « par exemple, sur les panneaux de signalisation de sens interdit, on va remplacer le "sauf riverains" par "sauf nous". Parce que personne ne sait ce qu'est un riverain… » Autre mesure : pour la première fois le maire organisera l'élection de Miss Larnac. Pour financer tout ça il a déjà la solution : « on va demander moins de taxes et plus de subventions ! » Quant à l'emploi dans son État libre, pas de souci à se faire : « on veut du travail pour les autres ! ». À l'écoute de ces mesures, Jean-Michel Perret est plié de rire : « j'adore ! C'est ma bouffée d'oxygène ! ». Et aussi celle de tous ceux qui fréquentent de près ou de loin ce merveilleux monde de Larnac, où l'on ne se prend pas au sérieux, où les problèmes restent aux frontières de ce sympathique État et où l'on parle encore avec le voisin. Vive Larnac !

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

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Medef: les 3 erreurs stratégiques de com' de Pierre Gattaz que son successeur devra réparer

Medef: les 3 erreurs stratégiques de com' de Pierre Gattaz que son successeur devra réparer

Medef: les 3 erreurs stratégiques de com' de Pierre Gattaz que son successeur devra réparer

Le bilan n'est pas tendre.

Charles Platiau / Reuters
Les 3 erreurs stratégiques de com' de Pierre Gattaz que son successeur à la tête du Medef devra réparer.

ENTREPRISES - Le "Medef de combat" cher à Pierre Gattaz touche à sa fin, et c'est peu dire qu'il a fait des dégâts. "Je sors de mes cinq ans de mandat plus serein que quand j'y suis rentré", a-t-il confié en mai, au moment de la publication d'un petit opus intitulé "2013-2018, regard sur cinq années de combats".

Tant mieux pour lui, tant pis pour le Medef, qui élit ce mardi 3 juillet son nouveau président. Car le syndicat des grands patrons sort plutôt mal en point de son quinquennat. Si Pierre Gattaz peut légitimement s'attribuer en partie l'obtention d'allègements de charge pour les entreprises, comme le CICE, ou la suppression de l'ISF, il a sapé allègrement le travail d'image de sa prédécesseur Laurence Parisot (2005-2013).

Quand elle s'est démenée pour tourner la page Ernest-Antoine Séllière, c'est-à-dire casser l'image de syndicat grand bourgeois, insensible au sort des employés, Pierre Gattaz a cultivé l'impression d'un patronat sans état d'âme. "Il a un côté bulldozer", concède un représentant patronal.

En interne, "ses erreurs de communication" ont agacé. Et les candidats à sa succession, dont le vainqueur sera désigné le 3 juillet, savent déjà qu'ils ont du pain sur la planche de ce point de vue. Selon un sondage OpinionWay commandé par le mouvement patronal Ethic, 66% des Français ont une mauvaise image du Medef et 55% pensent qu'il ne représente pas bien les entreprises.

Une situation dont sont conscients les candidats à l'élection. "Le Medef mourra certainement s'il ne se transforme pas", estime Alexandre Saubot, un des favoris. "Nos corps intermédiaires sont tous malades et peuvent mourir", juge aussi Frédéric Motte, qui appelle à réinventer le mouvement.

Autre prétendant bien placé dans la course, Geoffroy Roux de Bézieux veut dans ce contexte incarner "un Medef de propositions".

Patrick Martin, qui s'est allié à Fabrice Le Saché et Pierre Brajeux, ambitionne pour sa part de "défendre un projet de rénovation" de l'organisation.

  • "Un million d'emplois", la promesse boomerang

Sa première erreur lui colle à la peau depuis 2013 comme un pin's au revers de son veston: la promesse de créer "un million d'emplois" en échange d'allègements de charges. A l'époque, il met le paquet, et va justement jusqu'à créer des pin's pour en faire la promotion devant les caméras.

La promesse laisse perplexe, pour commencer, puis tourne à la farce lorsque Le Canard enchaîné révèle que les pin's ont été pour partie fabriqués en République tchèque. En 2016, Le Canard, toujours, dévoile que des dizaines de milliers de ces pin's, toujours en stock, vont être détruits. L'objet est devenu collector, mais pas pour les bonnes raisons.

APPEL A RT :
J'aimerai bien trouver un de derniers pin's bidon du MEDEF "1 million d'emploi" (rapport à une vieille promesse qu'ils avaient faites)
Si vous connaissez quelqu'un qui en aurait un, ça serait grave cool de me mettre en contact !

— Khouroux is also an axolotl (@Khouroux)

D'un point de vue plus sérieux, le bilan fait encore plus débat. "Figurez-vous qu'aujourd'hui nous sommes à 680 000 emplois au bout de 3 ans, sans avoir fait toutes les réformes. (...) Nous sommes autour de 700 000 [emplois], sur un rythme de 300 000 emplois par an, à la fin de l'année nous serons proches du 1 million d'emplois", a-t-il déclaré sur France Inter le 26 avril.

Mais quelle est la part du "pacte de responsabilité" de François Hollande dans cette hausse? Pour les économistes, la croissance française, et celle de ses entreprises, est avant tout à mettre sur la bonne conjoncture internationale et la baisse du prix du pétrole. Beaucoup moins au talent du patron des grandes patrons.

  • Un Medef "geignard et vindicatif"

L'expression a été retenue par un édito du Monde, d'habitude plus mesuré. Mais entre le Pacte de responsabilité et le CICE, il est vrai que Pierre Gattaz a donné l'image d'un patronat plus préoccupé d'obtenir des faveurs fiscales de l'Etat que de plancher sur les défis de l'innovation, comme l'Intelligence artificielle.

Surtout, il a fait scandale dès 2014 en refusant que les aides soient soumises à des contreparties. "Quand j'entends parler de contreparties dans ce pacte, j'entends aussi des gens qui me disent : 'Si vous n'y arrivez pas, vous allez être punis.' (...) On n'est pas dans une cour d'école", déclare-t-il alors, peu avant d'obtenir gain de cause.

De fait, à l'issue du quinquennat de François Hollande, les entreprises sont les grandes gagnantes de son bilan fiscal. Selon l'OFCE, le tour de vis des deux premières années a été suivi de réductions d'impôts conséquentes: 20,5 milliards sur la mandature, contre une hausse de 30,5 pour les ménages.

Mais ce n'est pas tout. En parallèle, il a multiplié les prises de position à la limite de la provocation. Il y a eu le "smic intermédiaire", plus faible, pensé pour les jeunes en avril 2014. En 2016, il a traité la CGT de "minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes" dans un entretien au Monde.

En 2017, il attaquait bille en tête l'éducation nationale avec ce slogan: "Si l'école faisait son travail, j'aurais du travail."

"Si l'école faisait son travail, j'aurais du travail" : le ministre de l'Éducation exige le retrait du slogan du… http://dlvr.it/PpSsk0 

— LCI (@LCI)
  • À la traîne sur les sujets sociétaux...

Impôt sur la fortune, pénibilité, réforme de l'assurance chômage... Au cours de ces cinq années, le patron des patrons a ferraillé dur avec les syndicats et les gouvernements successifs, soulevant régulièrement des polémiques en raison de son franc parler.

Mais selon Michel Offerlé, professeur à l'Ecole normale supérieure, "les cinq années Gattaz n'auront guère renouvelé le Medef". "Pas de restructuration interne, pas d'ambitions sociétales à la Parisot", explique-t-il. "Il y a bien eu une volonté de faire du Medef un lieu central de réflexion sur la société française et les transformations profondes, mais celle-ci a peu trouvé d'échos".

Pierre Gattaz s'est retrouvé en réaction à chacune des polémiques sur les salaires des patrons qui ont émaillés sont mandats. Carlos Ghosn chez Renault, Carlos Tavares chez PSA, Georges Plassat chez Carrefour... Le "code de bonne conduite" adoptée à contre-cœur pour moraliser les comportements a très prouvé son inefficacité.

Résultat, l'organisation patronale est aujourd'hui contrainte "d'accompagner le mouvement réformateur macronien qui est crédité d'une connaissance de l'entreprise, d'un sens de l'attractivité et de la compétitivité de la France, et d'une capacité à 'libérer' les entreprises et leurs chefs", observe Michel Offerlé, se demandant si le Medef n'était pas d'une certaine manière, "aux yeux des dirigeants politiques actuels, un représentant de l'ancien monde".

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lundi 2 juillet 2018

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Entre ici, Joséphine ! | Reportages | Là-bas si j'y suis

Entre ici, Joséphine ! | Reportages | Là-bas si j'y suis

Entre ici, Joséphine !

Après Simone Veil, il faut d'autres femmes au Panthéon, chacun en convient. Mais lesquelles ? D'Olympe de Gouges à Louise Michel, de Simone Weil (la philosophe) à Simone de Beauvoir, elles sont femmes mais femmes de gauche, voire révolutionnaires. Embarassant pour la médiocratie dominante ! Nous, c'est Joséphine notre héroïne, Joséphine Baker ! Quoi, une danseuse nègre et nue parmi nos saints laïques ? Provocation ! Profanation ! Mais attendez, vous la connaissez ? Écoutez ce reportage de février 2014 et, avec nous, vous militerez pour entendre un jour : « entre ici, Joséphine ».

[RADIO] Entre ici, Joséphine ! [19 février 2014]
Écouter dans une nouvelle fenêtre

Un reportage de Giv Anquetil diffusé pour la première fois sur France Inter le 19 février 2014.

Programmation musicale :
- Joséphine Baker : Si j'étais blanche
- Joséphine Baker : Mayari
- Joséphine Baker : Esto es felicidad
- Joséphine Baker : Fleur de Paris
- Joséphine Baker : J'ai deux amours


Limitation à 80 km/h : Pierre Chasseray, le lobbyiste qui roule à fond pour 40 millions d'automobilistes

Limitation à 80 km/h : Pierre Chasseray, le lobbyiste qui roule à fond pour 40 millions d'automobilistes

Limitation à 80 km/h : Pierre Chasseray, le lobbyiste qui roule à fond pour 40 millions d'automobilistes

L'association, fondée en 2005 pour défendre les intérêts des automobilistes, est omniprésente dans les médias. Son délégué général, Pierre Chasseray est un professionnel de la communication. Ses détracteurs l'accusent d'utiliser des méthodes contestables.

Pierre Chasseray, dans un café parisien, le 5 décembre 2013.
Pierre Chasseray, dans un café parisien, le 5 décembre 2013. (MAXPPP)

Il "n'est pas résumable", prévient d'emblée Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Pierre Chasseray, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, est en tout cas devenu incontournable dans les médias. Limitation de la vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire, radars embarqués, nouveau contrôle technique, pollution au diesel, voies sur berges à Paris... A chaque fois, il monte au créneau pour "défendre" les automobilistes transformés en "pompes à fric", "punis plus que convaincus" par les mesures de sécurité routière ou de lutte contre la pollution.

"C'est un faux-nez de l'industrie automobile et il a open bar dans les médias", s'agace un élu écologiste de la ville de Paris. Pour les journalistes, Pierre Chasseray est incontestablement un "bon client" : toujours disponible et jamais avare en formules chocs. Dans son viseur notamment : le CNSR, Conseil national de la sécurité routière, qu'il rebaptise le "Ça ne sert à rien". Mais sa colère du moment, il la dirige contre "Edouard". Comprendre : le Premier ministre et sa limitation de vitesse à 80 km/h qui entre en vigueur le 1er juillet.

"Edouard" est devenu "monsieur 80"

Une ostensible proximité qui s'explique. Pierre Chasseray n'est pas un inconnu pour Edouard Philippe. Le premier était chef de cabinet de Philippe Douste-Blazy à l'UMP, entre 2003 et 2004, quand le second était directeur général du parti. "Ce n'est pas un copain, mais on se connaît. J'ai une vraie forme de respect pour lui", sourit Pierre Chasseray, attablé à une terrasse de la porte de Saint-Cloud, à Paris, dressant la liste de ses qualités et de ses défauts : "Il est brillant, dur, froid et imperturbable." 

Et Pierre Chasseray de sortir son iPhone de sa poche pour montrer qu'il est ami avec "le compte perso d'Edouard sur Facebook". Depuis que l'ancien maire du Havre est entré à Matignon, le lobbyiste anti-80 km/h lui a envoyé plusieurs messages. "Je lui dis : 'Arrête, s'il-te-plaît !'", montrant une série de messages laissés sans réponse par "Edouard". Du coup, "Edouard" est devenu "Monsieur 80".

Le boulet du 80, Edouard Philippe va le porter toute sa vie. A sa sortie de Matignon, il ne pourra plus rien faire, sa carrière sera foutue, il pointera chez Pôle emploi. Il sera tricard chez les Républicains et chez les Marcheurs...Pierre Chasserayà franceinfo

Et dans un sourire taquin, il propose une "sortie de crise" au chef du gouvernement : "Une expérimentation de la limitation de vitesse limitée à la Seine-Maritime", le fief électoral d'Edouard Philippe. Persuadé que la mesure ne réduira pas le nombre de morts sur les routes, Pierre Chasseray se dit prêt à faire son mea culpa si on lui prouve qu'il a tort.

"Etudes bidons"

Cette communication offensive a de quoi hérisser le poil de ses détracteurs chez les militants de la prévention routière. "Son action est nocive, il n'hésite pas à produire des études bidons, il n'a aucun sérieux", déplore un responsable associatif. "On est opposés sur tout, résume de son côté Chantal Perrichon, de la Ligue contre la violence routière. Nous sommes confrontés à quelqu'un pour qui nous avons peu d'estime. Nous sommes tous bénévoles et ils ont de gros moyens pour diffuser de la désinformation."

En février, 40 millions d'automobilistes publie un rapport qui dresse son propre bilan de l'expérimentation de la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. "Les chiffres présentés dans le présent bilan démontrent que la baisse de la limitation de vitesse n'a en rien permis de réduire la mortalité routière sur ces axes", assène l'association. Aussitôt, la Sécurité routière réagit, publiant une "analyse critique" du rapport. Elle pointe "ses failles méthodologiques et ses erreurs d'interprétation." "Il nous arrive de nous tromper, reconnaît Pierre Chasseray. Mais j'ai plutôt l'impression d'être dans le juste. J'ai fait avec les moyens que j'avais." 

"Assez souvent, il assène de fausses informations et il a les moyens de les diffuser", regrette également Julien Thibault, président de Victimes et citoyens contre l'insécurité routière. Sur son blog, Claude Got, professeur de médecine, spécialiste de l'accidentologie, s'alarme : "Il est anormal que nous soyons aussi peu nombreux à dire que Pierre Chasseray est un menteur-manipulateur dangereux", dénonçant une "désinformation professionnalisée et décomplexée."

Spécialiste des "coups médiatiques"

Pas de quoi faire vaciller le principal intéressé : "J'assume tout ce que je dis". Décrit comme un "mercenaire" dans un article de Libération en 2014, Chasseray reconnaît toutefois que le portrait lui a "fait du mal". Car son parcours interpelle. Après la politique et l'UMP, où il a pu remplir son carnet d'adresses, il a été chargé des relations avec les médias au sein de WWF France de 2007 à 2012, association en pointe pour la protection de l'environnement. De quoi se faire traiter de "girouette" sur Twitter en 2014 par Denis Baupin, alors vice-président EELV (Europe Ecologie-Les Verts) de l'Assemblée nationale.

2008 P Chasseray, délégué 40 millions d'automobilistes faisait happenings @wwf contre auto !

— Denis_Baupin (@Denis_Baupin)

"J'assume", répond encore celui qui aurait "rêvé d'être prof de lettres". "Je ne défends pas 40 millions d'automobiles, je défends 40 millions d'automobilistes, ce n'est pas du tout la même chose, poursuit-il. D'ailleurs, j'allais au boulot à WWF en bagnole." Là-bas, il a laissé l'image d'un collègue "agréable, franchouillard et gouailleur." "Ce qui l'intéressait, c'était de faire des coups médiatiques", se souvient Boris Patentreger, cofondateur de l'ONG Envol Vert et ancien de WWF France, qui salue quelqu'un "qui connaît très bien ses dossiers et qui est très fort dans son métier de communicant".

A 39 ans, Chasseray apparaît effectivement avant tout comme un excellent communicant. "Je fais correctement mon taf, estime-t-il. Je fais partie de la France qui se lève tôt, je suis le militant de celui qui me paye. En principe, c'est comme cela que ça marche." Son modèle ? L'homme de radio Jean-Jacques Bourdin, qui est à la tête de la matinale de RMC, "plus populaire que populiste". "Il donne la parole aux gens. En l'écoutant, on peut se faire une idée de l'opinion publique", apprécie-t-il. Lui-même prend goût au micro. Il tient une chronique quotidienne (enregistrée depuis sa maison, près du Mans, dans la Sarthe) dans la matinale de Sud Radio. Et le samedi, il prend sa Mercedes CLK de 2001 pour faire la route jusqu'à Paris et y animer une émission intitulée "Ça roule" sur la même antenne.

"Je ne suis pas plein aux as"

Un "mélange des genres" et une "tribune" qui agacent ses détracteurs. "Pour nous, 40 millions d'automobilistes, c'est un bulldozer médiatique", s'agace un acteur de la prévention routière. Et de surenchérir : "Derrière l'appellation de cette association, on ignore le poids réel du mouvement car ils sont très opaques sur leurs adhérents." L'association, fondée en 2005 par les Automobiles clubs de l'Ouest (ACO), revendique 320 000 adhérents. Mais les membres des ACO sont faits membres d'office de 40 millions d'automobilistes. "Ce sont des adhérents fantômes et il y a des élus parmi les membres des ACO", estime un responsable associatif qui souhaite conserver l'anonymat.

Côté budget, 40 millions d'automobilistes revendique "380 000 euros par an et 150 000 donateurs", confie Pierre Chasseray, qui détaille "100 000 euros de la part des ACO et le reste, ce sont des dons d'entreprises." Provocateur, il fait mine de s'insurger : "Je ne suis pas plein aux as. Malheureusement, je n'ai pas touché un centime au black ou au white de l'industrie automobile."

Quand Biocoop finance une asso environnementale, on n'est pas étonné. Qu'un constructeur vienne nous aider sous forme de don, je ne trouverais pas cela scandaleux.Pierre Chasserayà franceinfo

"Il vaut mieux prévenir que punir"

Le soupçon de financement par l'industrie automobile l'agace. "Si j'avais les millions de l'Etat pour financer la Sécurité routière, je ferais quelque chose qu'ils n'ont jamais fait, c'est-à-dire travailler." Alcool au volant, stupéfiants et portables sont pour lui les réels fléaux de la route en France. "Mais il vaut mieux prévenir que punir", estime Pierre Chasseray. Outre la lutte contre les 80 km/h, il veut dialoguer avec les cyclistes, "mais pas les intégristes qui traitent les automobilistes de cons et de beaufs", prévient-il. "Il faut repenser l'aménagement de la route pour tous. Quand je suis en VTT avec mes deux enfants sur la route, je flippe."

En bon communicant, il a toujours en tête des actions spectaculaires à mener. Son rêve : inaugurer avec Anne Hidalgo les Seabubbles [petites navettes qui volent au-dessus de la Seine]. "Ça aurait de la gueule, ce serait classe ! dit-il dans un sourire. Avec ses méthodes et son acharnement, les voies sur berges, la guerre au diesel... Hidalgo, c'est ma meilleure attachée de presse." Une phrase choc de plus.

Mexique : le candidat de gauche Lopez Obrador remporte la présidentielle - Le Point

Mexique : le candidat de gauche Lopez Obrador remporte la présidentielle - Le Point

Mexique : le candidat de gauche Lopez Obrador remporte la présidentielle

« AMLO » a obtenu dimanche 53 % des suffrages, permettant ainsi à la gauche de prendre le pouvoir pour la première fois de l'histoire moderne du Mexique.

Lopez Obrador devra affronter des défis gigantesques : en plus de lutter contre la corruption, il devra tenir sa promesse de « remettre à sa place » le président Trump

Lopez Obrador devra affronter des défis gigantesques : en plus de lutter contre la corruption, il devra tenir sa promesse de « remettre à sa place » le président Trump

© AFP/ ALFREDO ESTRELLA

Le Mexique s'est doté d'un nouveau président. Le candidat de la gauche Andres Manuel Lopez Obrador a obtenu dimanche 1er juillet entre 53 % et 53,8 % des suffrages lors de l'élection reine, selon une estimation officielle de l'Institut national électoral mexicain (INE). Lorenzo Cordova, président de l'INE, a annoncé dans un message que Lopez Obrador devançait le conservateur Ricardo Anaya, crédité entre 22,1 % et 22,8 % des voix, et devant José Antonio Meade, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), au pouvoir, crédité entre 15,7 % et 16,3 % des voix. Ses deux rivaux ont rapidement reconnu leur défaite et l'ont félicité pour sa victoire.

Le président américain Donald Trump a également félicité Lopez Obrador et s'est dit « prêt à travailler » avec lui. « Il y a beaucoup à faire pour le bien à la fois des États-Unis et du Mexique ! » a tweeté Trump, dont la politique commerciale et sur l'immigration a plongé les relations avec son voisin mexicain au plus bas de leur histoire. Lopez Obrador lui a répondu qu'il souhaitait une relation d'« amitié et de coopération » avec les États-Unis, après avoir promis au pays « des changements profonds » et « sans dictature ».

Congratulations to Andres Manuel Lopez Obrador on becoming the next President of Mexico. I look very much forward to working with him. There is much to be done that will benefit both the United States and Mexico!

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump)

Une journée « historique »

Pour la première fois de l'histoire moderne du Mexique, la gauche accède à la présidence. « C'est un jour historique », avait lancé dans la matinée à la presse le futur président, surnommé « AMLO », ses initiales, avant de voter à Mexico, promettant de lutter contre la corruption et chasser la « mafia du pouvoir ». Après deux échecs successifs, ce vétéran de la gauche, âgé de 64 ans, obtient un succès sans précédent au niveau national, mais également régional et local, en décrochant au moins six postes de gouverneur sur les neuf en jeu, avec son parti, le Mouvement de régénération nationale (Morena).

Le Morena s'imposerait dans les États de Veracruz, Morelos, Puebla, Chiapas, Tabasco ainsi qu'à Mexico. Et pour la première fois, une femme, Claudia Sheinbaum, scientifique de 56 ans et fidèle de « AMLO », sera à la tête de la mégapole mexicaine aux plus de 20 millions d'habitants. Avec ses alliés, Lopez Obrador, qui prendra ses fonctions en décembre prochain, obtiendrait une majorité à l'Assemblée, avec au moins 250 sièges de députés. Plus de 18 000 mandats, dont 128 sénateurs, étaient également en jeu. Il s'agit d'un « ouragan national », commentait sur la chaîne Televisa le politologue Jesus Silva Herzog Marquez.

Défis gigantesques

Après l'annonce des résultats, Lopez Obrador est apparu au balcon de son parti pour saluer ses partisans, vêtu d'un costume sombre, avant de se rendre en voiture à son QG de campagne, suivi de nombreuses motos de presse. « Président ! Président ! » scandaient ses supporteurs dans le centre historique de la capitale, agitant des drapeaux mexicains. Au siège du PRI régnait au contraire une ambiance pesante. « Oh mon Dieu ! » s'est exclamée une retraitée à l'annonce des résultats, tandis que plusieurs autres à ses côtés fondaient en larmes. « Un Mexique de tristesse et de déception nous attend », pronostiquait Concepcion Vazquez, 34 ans.

Lopez Obrador aura su capitaliser sur l'exaspération d'une grande partie des Mexicains, et se présenter en candidat des plus modestes, bien décidé à chasser « la mafia du pouvoir », incarnée par l'impopulaire président Enrique Peña Nieto. « Pour la première fois, l'histoire s'écrira du côté des pauvres », se réjouissait Salvador Sanchez, 82 ans, devant le bureau de vote du candidat, plus tôt dans la journée.

« Les choses ne changent pas de façon magique »

Le principal défi du président « sera d'accomplir ce qu'il a promis, et ce qu'il a promis est une utopie », a commenté à l'Agence France-Presse (AFP) l'analyste politique Jose Antonio Crespo. « Il n'y arrivera pas, mais on verra ce qu'il obtient. » « Il va pouvoir compter sur l'appui du Congrès, une grande légitimité, mais les choses ne changent pas de façon magique », poursuit l'expert.

Lopez Obrador devra affronter des défis gigantesques : en plus de lutter contre la corruption, il devra tenir sa promesse de « remettre à sa place » le président Trump, qui a menacé de rompre l'Accord de libre-échange avec le Mexique (Aléna) et qui estime que le Mexique « ne fait rien » contre l'immigration clandestine venue d'Amérique centrale.

Sanglante campagne

Tout au long de la campagne, la violence a été au cœur des débats, mais elle a aussi touché de nombreux candidats ou militants sur le terrain. Le processus électoral est déjà considéré comme « le plus sanglant » de l'Histoire du Mexique, avec au moins 145 assassinats d'hommes politiques – dont 48 candidats ou pré-candidats –, selon le cabinet d'études Etellekt. Dimanche, au moins deux militants ont été abattus, une militante du Parti des travailleurs (PT, opposition) dans l'État du Michoacán (Ouest), et un autre du PRI, dans l'État de Puebla (Centre).

Plus de 200 000 personnes ont été tuées dans le pays depuis 2006 et le lancement de la guerre contre le narcotrafic à l'aide de l'armée. « AMLO » a promis d'éradiquer la pauvreté qui alimente ces violences, et promis une amnistie controversée aux petites mains des groupes criminels, dans l'espoir de ramener la paix sociale dans le pays.

Lire aussi. Mexique : le maire, les narcos et les charniers

Réflexions sur la liberté, la gauche, le désir et le peuple avec le philosophe Michael Foessel.


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Michael Foessel : «Faire naître notre désir de gauche, c'est quitter notre position mélancolique.»
Les Midinales.

https://youtu.be/80aSuvNRxF4

Réflexions sur la liberté, la gauche, le désir et le peuple avec le philosophe Michael Foessel.

Sur le néolibéralisme.
«Macron place la liberté essentiellement et fondamentalement dans le champ économique.»

«Ce n'est pas seulement la dimension anti-égalitaire du néolibéralisme qui pose problème, c'est son rapport à la liberté.»

«Le néolibéralisme est un facteur d'autoritarisme.»

«Il y a une perversion du concept même de liberté pour le néolibéralisme qui fait qu'il se retourne contre les libertés de droits, les libertés politiques qui sont généralement sacrifiées sur le dogme d'un commerce libre et non faussé.»

Sur la notion de peuple et de citoyen.

«Un peuple n'est pas une donnée naturelle - sauf si on a une notion ethniciste du peuple -, ce n'est pas une entité culturelle fondée sur la langue ou la tradition c'est vraiment - et je reste en ça fidèle à Rousseau -, une entité politique.»

«Tant que l'on n'aura pas reconquis l'idée selon laquelle la politique suppose pour exister une émancipation par rapport à tout ce qui peut nous déterminer dans notre genre, dans notre origine, dans notre provenance et dans notre situation sociale, je pense que la gauche se trouvera dans une situation idéologique affaiblie.»

«Si on arrive à réarticuler l'idée d'un progrès social à des expériences intimes, si on arrive à réconcilier la gauche avec le plaisir et la joie, et pas forcément avec une position normative et mélancolique (parce que la mélancolie, c'est la grande passion de la gauche aujourd'hui), alors on arrivera peut-être à toucher -je dis les choses un peu naïvement- au coeur des gens.»