dimanche 9 septembre 2018

L’ex-maire de Lyon soupçonné de «détournement de fonds publics» - Libération

L'ex-maire de Lyon soupçonné de «détournement de fonds publics» - Libération

L'ex-maire de Lyon soupçonné de «détournement de fonds publics»

Des élus LR de la métropole ont porté plainte contre X afin de déterminer si les ressources locales avaient été utilisées pour servir la campagne d'Emmanuel Macron.

Gérard Collomd, sur les Champs-Elysées le 31 décembre. (Image d'illustration)
Gérard Collomd, sur les Champs-Elysées le 31 décembre. (Image d'illustration) Photo Guillaume Souvant. AFP

La plainte a été déposée contre X mais elle vise clairement la métropole et la mairie de Lyon, époque Gérard Collomb. Et c'est bien le ministre de l'Intérieur, ancien patron des deux collectivités, que ciblent ces soupçons de «détournement de fonds publics». Des élus Les Républicains de la métropole lyonnaise ont saisi le 11 juin le procureur de la République, afin de déterminer si l'argent du contribuable a servi à financer la campagne du candidat Macron, sous l'impulsion de Gérard Collomb. Soutien de la première heure de l'ancien locataire de Bercy, le baron lyonnais ne s'est jamais caché de mettre son réseau à disposition de son poulain.

La plainte des élus de droite vise notamment la double casquette de Jean-Marie Girier, directeur de cabinet du maire et en même temps directeur de campagne de Macron pendant plusieurs mois. «Or, en réalité, depuis le milieu de l'année 2016, il apparaîtrait (et ce point semble être de notoriété publique) que celui-ci n'exerçait plus [à la métropole] aucune fonction réelle, étant en charge de la campagne d'Emmanuel Macron à temps plein», détaille le document transmis au procureur.

Raout

Des accusations que rejette le président de la métropole, David Kimelfeld, successeur de Collomb. «C'est une affaire politique, estime son cabinet. On a déjà répondu par de longs courriers à toutes les questions évoquées, on a donné des pièces, les réponses ont été claires. Nous ne communiquerons pas le calendrier des congés de cet agent [Jean-Marie Girier], il s'agit de sa vie privée.» Et si la collectivité reconnaît un usage de son adresse mail à titre personnel (en l'occurrence en tant que stratège de la campagne de Macron), elle dit ne pas considérer cette utilisation comme «abusive».

Pas plus que les moyens déployés pour la réception d'Emmanuel Macron le 2 juin 2016 à l'hôtel de ville de Lyon, qui se voulait officiellement être un accueil du ministre de l'Economie dans un cadre républicain . Mais selon Les Républicains du Rhône, ce raout ressemblait à «une organisation au service du candidat à la présidence de la République». L'annexe parisienne de la métropole lyonnaise aurait également servi de pied à terre à En marche avant que le mouvement ne s'installe dans son propre QG.

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Les Macron Leaks prouvent que la principale base arrière des marcheurs a bien été la mairie de Collomb. Un mélange des genres acté le 31 mai 2016. Dans un mail adressé à Stéphane Séjourné, membre du premier cercle de Macron, le chef de cabinet de Collomb fait une «proposition d'organisation pour En marche Lyon Rhône», précisant que les «trois postes principaux sont occupés par des personnes employées à la mairie» de Lyon . Figure, aux côtés de Girier, Fabien Guéguen, chargé de mission à la mairie devenu depuis assistant parlementaire du député LREM du Rhône Jean-Louis Touraine, un vieux compagnon de Collomb. Et Arthur Empereur, collaborateur du sénateur et maire de Lyon pendant cinq ans et membre du cabinet municipal depuis 2014. Aujourd'hui, comme Girier, il a intégré le cabinet de Collomb à Beauvau.

Chaises musicales

Au-delà de ce jeu de chaises musicales, le maire Collomb a-t-il mis à disposition du candidat certains employés de la mairie ? C'est ce que laissent penser quatre arrêtés municipaux qu'a retrouvés Libération. Inscrits aux bulletins officiels de la ville de Lyon des 6 et 13 février 2017, ces arrêtés n°1138, 1224, 1247 et 1330 restreignent la circulation des véhicules et leur stationnement dans certaines rues du quartier de Gerland «pour assurer la sécurité des usagers, pour permettre le bon déroulement d'un meeting au palais des sports». L'événement se tient le 4 février 2017. C'est le grand show qui propulse la campagne d'Emmanuel Macron. Or, ce n'est pas la direction de campagne ni son mouvement En marche qui ont fait la demande d'arrêté mais le service du protocole du cabinet du maire. Les demandes d'arrêtés de circulation émanant du protocole concernent normalement des cérémonies officielles ou commémoratives. Les vœux de la municipalité, les visites de dignitaires, l'anniversaire de la rafle de la rue Saint-Catherine… Des événements publics et non privés comme une réunion à caractère électoral. Mais de janvier 2017 à aujourd'hui, le meeting LREM est le seul événement politique pour lequel le cabinet du maire aura fait une demande «d'arrêté de circulation».

Maïté Darnault Correspondante à Lyon

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse | Contrepoints

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse | Contrepoints

Climat : SOS de 700 scientifiques en détresse

Par Benoît Rittaud.

Normalement, je devrais être en train d'écrire quelque chose sur la première journée de la conférence organisée à l'université de Porto par l'Independent Committee on Geoethics. Et puis je suis tombé sur un nouvel appel incontournable, cette fois publié par Libération. Les climato-réalistes n'étant pas encore « maîtres des horloges » (©Emmanuel Macron), il me semble hélas plus urgent de réagir à cette nouvelle bêtise alarmiste que de faire un compte-rendu de ce qui s'est passé à Porto aujourd'hui.

Rien qu'à voir la couverture de Libé annonçant ce million-et-unième « appel », on sait d'emblée que l'intelligence et le sens de la mesure n'y ont pas leur place.

Une telle couverture nous fait entrer d'emblée dans la climatologie tabloïde dont on n'est certes pas surpris que Libé se fasse le porte-voix complaisant.

700 scientifiques, c'est du lourd. Autre chose, a dû se dire Libé, que les acteurs et chanteurs de l'appel précédent qu'a lancé son concurrent Le Monde il y a à peine quelques jours. Et vu l'indigence pitoyable de cet autre appel (il va bientôt falloir les numéroter pour qu'on s'y retrouve), on peut penser qu'il a été demandé aux signataires de faire en sorte que les lecteurs en aient cette fois un peu pour leur argent. Ils n'ont pas dû être déçus : des drames, de la peur, des excès, des affirmations fausses… on a droit à tout. Les acteurs du millionième appel de l'autre jour n'avaient rien à dire. Au fond, c'était peut-être mieux.

Le fameux « réchauffement »

Je vais me concentrer sur le tout début de l'appel, en principe le plus « scientifique » de l'appel, au sens où il est censé, comme d'habitude, peindre le paysage qui justifie l'action rapide, les efforts massifs, l'absolue nécessité de tout repenser, et autres changements de paradigme.

Nous sommes d'ores et déjà pleinement entrés dans le « futur climatique ». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l'aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d'écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc.  : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s'accumuler. Quant au futur, les projections d'impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances.

La hausse des températures moyennes est principalement tirée de l'imagination fertile des signataires, qui tient davantage du wishful thinking que de l'analyse raisonnable des données disponibles. On sait en effet que, hormis un récent événement océanique (El Niño) qui a ponctuellement réchauffé la Terre en 2015-2016, la température moyenne de la planète est relativement stable depuis le début du siècle. Même les carbocentristes les plus acharnés conviennent a minima que l'augmentation de la température a fortement ralenti ces dernières années. Pour l'illustrer, voici par exemple les données satellitaires UAH :

La courbe bleue montre clairement que nous sommes sortis de l'El Niño et que, hormis donc cette singularité d'origine parfaitement naturelle (mais mal comprise), les fluctuations de température tournent autour d'une valeur qui n'évolue pas beaucoup depuis environ 2001. Même le GIEC en a d'ailleurs convenu dans son dernier rapport (la fameuse Box 9.2).

Aussitôt ensuite vient ce morceau de phrase qui relève de la pure malhonnêteté intellectuelle au sujet de la « récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été ». D'abord, les signataires n'ont pas l'air au courant que l'hémisphère nord a aussi connu des épisodes neigeux inattendus cet été en Amérique du nord aussi bien qu'en Europe centrale. (Reconnaissons toutefois que, l'« appel » étant franco-français, il convient de postuler que la France représente le monde.)

Météo, climat et confusion

Ensuite, la météo n'est pas le climat : il peut très bien faire chaud un été quelque part dans le monde sans que cela soit représentatif, et… bon, j'arrête, j'entends déjà des contradicteurs m'expliquer que je suis dans une posture de déni et que je refuse de voir l'évidence.

Prenons donc les choses d'une autre manière. En décembre dernier, l'Amérique du nord a connu une grosse vague de froid, conduisant Donald Trump à publier le tweet que voici :

Une ânerie car, comme je viens de le dire, la météo n'est pas le climat, et un événement ponctuel ne prouve rien. Heureusement, quand il s'agit de s'en prendre aux négationnistes du climat, nos vaillants climatologues sont là. (Ouf !) Par exemple, découvrant l'énormité proférée par le vilain Trump, le sang de Valérie Masson-Delmotte n'avait fait qu'un tour sur FranceInfo :

Franceinfo : Comment avez-vous réagi en découvrant ce tweet de Donald Trump ?

Valérie Masson-Delmotte : Quand j'ai pris connaissance de ce tweet, j'ai cru que c'était une caricature et c'est malheureusement le président des États-Unis qui s'est ainsi exprimé. Ce qu'il fait c'est qu'il confond la météo, localement et instantanément, et le climat, c'est-à-dire l'évolution à l'échelle de la planète et sur le long terme. Malgré la vague de froid aux États-Unis, si l'on prend par exemple l'ensemble des températures à la surface de la terre, aujourd'hui on est à 1°C de plus ponctuellement par rapport aux températures moyennes des 30 ans précédents. On voit qu'il y a vraiment une volonté de tromper le public comme l'avait fait un sénateur conservateur américain il y a quelques années qui s'était filmé jouant avec une boule de neige pour mettre en cause la réalité du changement climatique.

Au cas où vous auriez un doute : oui, Valérie Masson-Delmotte fait bien partie des 700 de l'appel d'aujourd'hui, où le coup de chaud de cet été sert d'argument dès la troisième ligne.

Bel exemple de lucidité scientifique à géométrie variable, donc. C'est la méthode du cliquet, bien connue de la climatologie contemporaine : quand il fait chaud c'est le climat, quand il fait froid c'est la météo. Bien sûr, ce type d'entorse à la rigueur doit être toléré puisqu'il s'agit de faire le Bien. D'ailleurs, ne trouve-t-on pas aussi dans la liste des signataires cet autre membre de la fine fleur de la climatologie carbocentriste française qu'est François-Marie Bréon qui, il y a quelques semaines, étalait dans Libération (déjà) son appel à la dictature climatique

Il est 2h40 du matin ici à Porto, alors j'espère que vous ne m'en voulez pas de ne pas poursuivre mon exégèse de ce nouvel appel. Les trois premières lignes en ont déjà dit fort long. La banquise, la hausse du niveau marin, l'acidification… il faudrait finir d'y passer la nuit.

Eux sont 700, ils ont le temps et les moyens… il y a quand même des moments où l'on se sent bien petit devant les efforts qui restent à accomplir pour sortir enfin de cette nasse.