"Le vendredi 14 juin, pourtant, Ciotti gagne son recours en référé. Il est toujours, légalement, président des Républicains. Dans son ancienne équipe, ça flippe. S’il débarque au siège avec des huissiers, vire les salariés, impose un directeur général, il peut s’emparer du navire, de ses ressources financières et de ses moyens de communication. Le trio Mignon-Caron-Astié s’active sur le plan juridique. «Comme de Gaulle en 1940, on sort de la légalité, rapporte avec grandiloquence un ancien collaborateur. On a organisé le fait que Ciotti soit empêché dans son propre parti.» Le Niçois, lui, est peu entouré. Sur le plan judiciaire, un avocat d’affaires l’appuie : Philippe Torre, candidat malheureux pour le RN aux législatives dans l’Aisne. Son chef de cabinet, Quentin Kermen, a fini par le lâcher à son tour au début de l’été.
A la guerre de mouvement de juin, succède une guerre de tranchées en juillet. Seul contre les barons, Ciotti joue la carte de la base militante. Ses adversaires, eux, n’ont pas les moyens légaux de convoquer les instances et d’acter son éviction. Financièrement, le Niçois a encore un pouvoir d’empêchement. «Il a bloqué les aides pour les candidats», rapporte un cadre LR, ajoutant que Ciotti a réclamé auprès de la banque du parti de couper les règlements des factures d’eau et d’électricité, et les salaires des permanents.
Son ancienne garde rapprochée prépare, elle, la riposte judiciaire. Un chiffrage du préjudice causé par l’alliance avec le RN est effectué, des dommages et intérêts réclamés. «C’était l’étape suivante s’il ne lâchait pas le morceau, indique un ancien proche collaborateur. Il n’avait pas d’intérêt politique à rester, et se doutait qu’il avait commis une succession de fautes depuis le 11 juin.» Fin septembre, après la nomination de Michel Barnier à Matignon, Ciotti finit par quitter LR, prenant «acte de la dissolution de l’état-major des Républicains dans la macronie». «Il a fini par lâcher sous la pression», se targue un ancien de l’équipe. Qui ajoute : «Ciotti nous a coûté cher. Des aides à nos candidats, des élus, un préjudice d’image.» Sans compter les honoraires lâchés par le parti au cabinet d’avocats Darrois, l’un des plus gros de la capitale.
Attachés à ce récit d’un clan soudé organisant l’insurrection, les anciens proches de Ciotti n’ont pas encore trouvé leur place dans l’appareil, en lambeaux mais lorgné par Laurent Wauquiez, élu député de Haute-Loire en juillet. Certains ont envie de tourner une page, aimeraient tenter une expérience dans le privé, comme Quentin Kermen. L’avocate Emmanuelle Mignon travaille toujours chez August Debouzy, un prestigieux cabinet d’affaires. «Sans elle, Ciotti récupérait le parti en quarante-huit heures et l’offrait à Le Pen», s’ébaubit encore un ancien conseiller. Aurélien Caron est retourné, lui, à la section des finances du Conseil d’Etat. D’autres goûtent au pouvoir retrouvé par la droite et font leurs armes dans des cabinets ministériels. A Beauvau, Karl Astié a été recruté comme conseiller parlementaire de Nicolas Daragon, ministre chargé de la Sécurité du quotidien. Caroline Gentilhomme, elle, est conseillère auprès du secrétaire d’Etat chargé de la Citoyenneté, Othman Nasrou. En attendant Godot… ou une autre aventure."
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«Ciotti nous a coûté cher»
"Le vendredi 14 juin, pourtant, Ciotti gagne son recours en référé. Il est toujours, légalement, président des Républicains. Dans son ancienne équipe, ça flippe. S’il débarque au siège avec des huissiers, vire les salariés, impose un directeur général, il peut s’emparer du navire, de ses ressources financières et de ses moyens de communication. Le trio Mignon-Caron-Astié s’active sur le plan juridique. «Comme de Gaulle en 1940, on sort de la légalité, rapporte avec grandiloquence un ancien collaborateur. On a organisé le fait que Ciotti soit empêché dans son propre parti.» Le Niçois, lui, est peu entouré. Sur le plan judiciaire, un avocat d’affaires l’appuie : Philippe Torre, candidat malheureux pour le RN aux législatives dans l’Aisne. Son chef de cabinet, Quentin Kermen, a fini par le lâcher à son tour au début de l’été.
A la guerre de mouvement de juin, succède une guerre de tranchées en juillet. Seul contre les barons, Ciotti joue la carte de la base militante. Ses adversaires, eux, n’ont pas les moyens légaux de convoquer les instances et d’acter son éviction. Financièrement, le Niçois a encore un pouvoir d’empêchement. «Il a bloqué les aides pour les candidats», rapporte un cadre LR, ajoutant que Ciotti a réclamé auprès de la banque du parti de couper les règlements des factures d’eau et d’électricité, et les salaires des permanents.
Son ancienne garde rapprochée prépare, elle, la riposte judiciaire. Un chiffrage du préjudice causé par l’alliance avec le RN est effectué, des dommages et intérêts réclamés. «C’était l’étape suivante s’il ne lâchait pas le morceau, indique un ancien proche collaborateur. Il n’avait pas d’intérêt politique à rester, et se doutait qu’il avait commis une succession de fautes depuis le 11 juin.» Fin septembre, après la nomination de Michel Barnier à Matignon, Ciotti finit par quitter LR, prenant «acte de la dissolution de l’état-major des Républicains dans la macronie». «Il a fini par lâcher sous la pression», se targue un ancien de l’équipe. Qui ajoute : «Ciotti nous a coûté cher. Des aides à nos candidats, des élus, un préjudice d’image.» Sans compter les honoraires lâchés par le parti au cabinet d’avocats Darrois, l’un des plus gros de la capitale.
Attachés à ce récit d’un clan soudé organisant l’insurrection, les anciens proches de Ciotti n’ont pas encore trouvé leur place dans l’appareil, en lambeaux mais lorgné par Laurent Wauquiez, élu député de Haute-Loire en juillet. Certains ont envie de tourner une page, aimeraient tenter une expérience dans le privé, comme Quentin Kermen. L’avocate Emmanuelle Mignon travaille toujours chez August Debouzy, un prestigieux cabinet d’affaires. «Sans elle, Ciotti récupérait le parti en quarante-huit heures et l’offrait à Le Pen», s’ébaubit encore un ancien conseiller. Aurélien Caron est retourné, lui, à la section des finances du Conseil d’Etat. D’autres goûtent au pouvoir retrouvé par la droite et font leurs armes dans des cabinets ministériels. A Beauvau, Karl Astié a été recruté comme conseiller parlementaire de Nicolas Daragon, ministre chargé de la Sécurité du quotidien. Caroline Gentilhomme, elle, est conseillère auprès du secrétaire d’Etat chargé de la Citoyenneté, Othman Nasrou. En attendant Godot… ou une autre aventure."
https://www.liberation.fr/politique/chez-lr-les-jeunes-veterans-de-lalliance-rebelle-anti-ciotti-20241108_TQVTKKAMFFCKXPO7NAPPQEJVE4/
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