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Le vieil homme est amer. Photo SIPA (2024)

FAIT MAISON Bayrou se fait tirer un dernier portrait ; et Macron va peut-être parler (ou pas)

AU COMPTOIR Faure veut bien plus qu'un «parfum» de cohabitation ; Aulas est fait pour la politique : il veut tout cumuler ; et Le Pen plagie Macron

YOUPOL Bayrou annonce renoncer à des privilèges auxquels il n'a pas le droit

LE CHIFFRE À LA CON 285

PASSION ARCHIVES Wauquiez pense contre lui-même dans la même interview

BO BO BONUS L'horloge parlante

ÇA ARRIVE AUJOURD'HUI Pau de départ à Matignon

L'ADDITION Jouons avec les problèmes

P'TET BEN QU'OUI, P'TET BEN QU'NON • Comme en témoigne une séance photo d'adieux lunaire avec l'AFP à Matignon, organisée samedi [voir ci-dessous ⬇️], François Bayrou anticipe largement sa propre chute après le vote de confiance en fin d'après-midi. Mais il n'est pas le seul. Emmanuel Macron est lui aussi déjà dans l'après, se triturant depuis des jours pour trouver son septième Premier ministre. Et le chef de l'État réfléchit, selon le Parisien et Politico , à une prise de parole publique très rapide après le verdict scellant le sort de son Premier ministre. Cela pourrait être dès demain. Mais il n'y a «rien d'arbitré», temporise l'Élysée auprès de Chez Pol, confirmant en creux la réflexion en cours à ce sujet. Mais si vous suivez un minimum l'actu politique des 8 dernières années, vous le savez : les promesses de Macron de parler ou d'agir vite n'engagent que ceux qui les écoutent. D'ailleurs, notre source proche du chef de l'État le confirme : «Par définition, le ''PR'' peut toujours parler ou ne pas parler.» Vous êtes prévenus. E.B.

Souriez, vous êtes démissionné. Photos Joël Saget. AFP (2025)

PHOTOS DE DÉPART • Contacté par Chez Pol pour savoir comment cette séance photo avait été calée, Matignon ne nous a pas répondu. Contrairement au photographe de l'AFP, Joël Saget, qui nous raconte cette série pas comme les autres. Et nous donne d'abord une info : ce n'était pas une demande du Premier ministre ou de son équipe, mais bien de l'agence de presse, qui réalise de telles séries avec tous les chefs de gouvernement. Sauf avec Michel Barnier et Gabriel Attal, restés peu longtemps en poste. Ayant eu il y a quelque temps un accord de principe qui ne s'était jamais concrétisé, Saget a relancé Matignon en fin de semaine dernière. Et a, à sa grande surprise, reçu une invitation à venir «shooter» samedi. Alors que Bayrou voulait initialement lui accorder un quart d'heure, le photographe en charge des portraits a «gratté» du temps pour monter à «un peu moins d'une heure». C'est lui qui a proposé les diverses situations au Premier ministre (dans le jardin, au balcon, etc.), qui s'y est prêté de bonne grâce. «Il m'a dit : ''Je ne veux pas de photos de dos.'' Il connaît un peu comment ça marche, s'amuse Saget. Mais à part ça, il n'avait pas d'exigences, il n'a pas été contrariant, à dire ''ça non'', à regarder ce que je faisais. Il a juste nettoyé un peu son bureau.» L'ambiance était «plutôt bonne, détendue», ajoute-t-il, racontant un Premier ministre «presque zen, pas chaleureux-chaleureux mais détendu». Quant à l'ambiance fin de règne qui se dégage des clichés, le photographe l'attribue en bonne partie au fait qu'ils ont été pris un week-end, un jour où Matignon fourmille forcément moins que d'autres : «Ça rajoute au truc. Et je pense qu'il en est conscient.» E.B.

DRAMA INITIATIVE • LR doit décider aujourd'hui s'il engage une procédure d'exclusion visant Emmanuelle Brisson, ex-candidate aux législatives dans les Pyrénées-Atlantiques. La fille du sénateur Max Brisson fait campagne depuis plusieurs mois pour succéder à Guilhem Carayon (rallié au RN) à la tête des Jeunes LR. Alors que Retailleau a entériné dans les nouveaux statuts que le président des jeunes pousses de la droite serait désormais nommé (et plus élu), elle mène une guérilla interne. Avec une poignée de jeunes, elle a organisé un happening samedi, lors de la présentation des statuts au congrès du parti, au Port-Marly (Yvelines). «C'était la goutte de trop», glisse un jeune LR, qui parle aussi de «cyberharcèlement» et «d'insultes» durant la campagne pour la présidence de la branche cadette du parti. «Il y a beaucoup de raisons de l'exclure», glisse-t-on également au siège LR. Quand un cadre se marre : «C'est une drama queen !» Après son show au congrès, Brisson a annoncé le lancement de son propre mouvement, «Vivement demain». Sollicitée par Chez Pol, elle dénonce une fausse rumeur. «Ces misogynes qui ont passé l'été à me nuire, continuent dans la bassesse», charge-t-elle. Selon les statuts du parti, l'exclusion d'un adhérent est décidée par le secrétaire général, poste occupé par Othman Nasrou, s'il a jugé «recevable» une demande émanant d'un bureau d'une fédération départementale ou du bureau des Jeunes Républicains. V.B.

LE BRUIT ET LA FUREUR L'ODEUR • Pour s'être dit «à la disposition» de Macron pour Matignon (hypothèse qui s'éloigne tout de même), Olivier Faure et le PS sont accusés par LFI de trahir la gauche en préparant leur ralliement au macronisme. Alors le patron du PS a précisé sa pensée et sa stratégie, sur France 3 hier : «Ce que je souhaite, c'est qu'on tienne compte des équilibres choisis par les Français il y a un an et qu'ensuite, texte par texte, nous vérifiions ce qu'il est possible de faire. Donc en gros, je veux un gouvernement de gauche qui soit un gouvernement de cohabitation, qui ensuite passe devant le Parlement [qui] dispose.» Et de préciser qu'il s'agit bien de cohabiter «avec le Président». Or, les cohabitations sont rarement des périodes d'entente cordiale entre l'Élysée et le gouvernement. Dans l'Opinion, Faure clarifie encore : «Je ne suis pas parfumeur. Je ne veux pas d'un parfum de cohabitation [comme le souhaitait Macron après la dissolution, ndlr], mais d'une vraie politique de gauche.» Gageons que la moutarde qui est déjà montée au nez des insoumis empêchera ce fumet d'atteindre leurs narines.  

Ça sent Faure. Photo Julien De Rosa. AFP (2025)

WAUQUIEZ KONG • On ne peut pas ne pas évoquer ce matin l'événement qui a agité la sphère politico-médiatique tout le week-end : la diffusion par le magazine d'extrême droite l'Incorrect d'une vidéo où l'on voit les éditorialistes de France Inter Thomas Legrand - qui officie aussi à Libé - et Patrick Cohen devisant avec deux responsables socialistes. Le premier a notamment tenu des propos à l'emporte-pièce à l'égard de Rachida Dati, ce qui a évidemment fait réagir cette dernière. Concernant le fond de l'affaire, Legrand a réagi , tout comme la SDJ de Libé . L'extrême droite s'en est donné à cœur joie, tout comme LFI, bien heureux de pouvoir cibler, par le truchement de deux éditorialistes, l'ensemble de la presse. Parmi toutes les réactions, celle de Laurent Wauquiez vaut néanmoins le détour dans la catégorie Singe aux fesses sales qui grimpe quand même au cocotier. Le député LR, a, lors de son discours au congrès de LR samedi, utilisé cette affaire pour critiquer toutes les autorités administratives qu'il veut supprimer, comme l'Arcom. «Vous me permettrez d'interroger le système médiatique qui aboutit à protéger M. Cohen et à condamner Cyril Hanouna», a lancé Wauquiez. Comme l'a rappelé un journaliste de Mediapart , c'est le même Wauquiez qui a invité des journalistes de Valeurs actuelles, du Figaro et de l'Opinion aux frais de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le repas avec les journalistes de Valeurs avait coûté près de 2000€ aux contribuables, soit plus de 300€ par personne.

C'EST LÉGAL • Jean-Michel Aulas n'est même pas encore officiellement candidat (de la droite et du centre) à la mairie de Lyon, même si «les choses se précisent». Mais l'ex-président de l'OL explique déjà que s'il était élu, il ne se ~limiterait~ pas à ce mandat (on ne parle que de gérer la 3e ville de France, après tout) car il souhaite garder en parallèle ses fonctions à la Fédération française de foot (FFF). Des petits postes de rien du tout : vice-président de la Fédé et président de la Ligue féminine. Expliquant à l'Équipe avoir vérifié et s'être fait confirmer que «dans les règlements [de la FFF], il n'y a aucune incompatibilité» à un cumul avec des mandats politiques, Aulas affirme : «Élu ou pas élu, je tiens à garder mes fonctions à la FFF.» Certains arrivent bien à être Premier ministre et en même temps maire de Pau, alors finalement pourquoi pas...

Jean-Michel Audace. Photo Franck Fife. AFP (2025)

COPYCAT • À l'occasion de sa rentrée politique hier, à Hénin-Beaumont , Marine Le Pen a réitéré son souhait d'un retour aux urnes après le départ annoncé de Bayrou de Matignon. Sachant qu'elle ne pourra pas se représenter en cas de dissolution. Mais la cheffe de l'extrême droite a même été jusqu'à dire qu'elle était prête à «sacrifier tous les mandats de la Terre» pour obtenir «l'alternance» et porter son parti à Matignon. Un autre détail nous a marqué, légèrement plus parlant que les atermoiements de Le Pen : le nouveau slogan du RN, affiché en long derrière le pupitre : «Contre vents et marées, avec vous !» Le «avec vous !» est par ailleurs mis en avant, avec un grand aplat blanc. Et c'est là que c'est savoureux. «Avec vous» était le slogan de début de campagne présidentielle de Macron en 2022 . Il s'était mué, au cours du mois de mars, en «Nous tous». Faut-il y voir un clin d'œil ou le désir assumé d'imiter le destin macroniste en allant jusqu'à singer le Président ? 

Fausse générosité

Avant d'être Premier ministre, Bayrou était haut-commissaire au Plan. C'est dire si l'homme est quelqu'un de prévoyant. Pas encore parti de Matignon, le Palois pense donc déjà à l'après. Interrogé par Brut hier soir, il a indiqué qu'il n'aurait aucun avantage lié à sa (brève) expérience de chef du gouvernement. «On avait droit auparavant à un secrétariat. Je ne prendrai pas de secrétariat», indique-t-il. Voilà qui est vraiment trop sympa et démontre que Bayrou est vraiment concerné par l'état des finances de la France. Ah non en fait, c'est juste l'application de la loi. Selon le décret n°2019-973 du 20 septembre 2019 , «l'État met à disposition des anciens Premiers ministres, sur leur demande, un agent pour leur secrétariat particulier, pendant une durée maximale de 10 ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.» Or, Bayrou a 74 ans. Comme Michel Barnier l'an dernier, il ne peut donc pas bénéficier d'un secrétaire. Le décret suscité ajoute que la mise à disposition d'un secrétariat particulier ne s'applique pas «aux anciens Premiers ministres qui disposent d'un secrétariat pour l'exercice d'un mandat parlementaire, d'un mandat d'élu local ou d'une fonction publique». Le maire de Pau est dans ce cas de figure. «Tout le monde sait.. euh croit, qu'il y a des privilèges et des avantages pécuniaires, ajoute-t-il. Ce n'est pas vrai. Rien.» Alors on n'a peut-être pas la même définition de «rien». Puisque, a priori, Bayrou va continuer à percevoir pendant 3 mois «une indemnité d'un montant égal au traitement qui lui était alloué en sa qualité de membre du gouvernement», comme cela est prévu par l'ordonnance n°58-1099 du 17 novembre 1958, soit 48 114 € brut au total. Pas mal, de quoi rénover son bureau de Pau . Néanmoins, pour toucher cette indemnité, Bayrou ne devra pas reprendre une activité rémunérée - il a renoncé à ses indemnités d'élu local pendant qu'il était à Matignon. 

Un homme qui pense contre lui-même. Capture d'écran LCI

Primaire ? Ni pour, ni contre, bien au contraire

Souvent Laurent Wauquiez varie, bien fol est qui s'y fie. Les idées et positions du patron des députés LR évoluent aussi vite qu'un gouvernement sous le second quinquennat de Macron. Prenons son interview hier sur LCI par exemple. Car avec Wauquiez, les archives sont parfois à chercher seulement quelques secondes plus tôt dans le même entretien pour pointer une légère incohérence. C'est dire ce dont l'ex-boss de LR est capable.

Wauquiez commence par expliquer que la question n'est «pas d'avoir un candidat des Républicains mais d'avoir un candidat de la droite» pour 2027 puisque, dit-il, l'électorat de droite est dispersé entre «les macronistes de droite, LR et Reconquête». Comment ? «Je souhaite qu'il y ait un seul candidat. Sinon on aura au 2d tour LFI. Le vrai sujet, c'est mettre en place un système de désignation pour un seul candidat de la droite, pas uniquement de LR» , poursuit l'ex-président d'Auvergne-Rhône-Alpes, validant sans le dire explicitement l'idée d'une primaire ouverte jusqu'au parti zemmouriste. Car «le rassemblement de la droite va de Gérald Darmanin à Sarah Knafo», comme il aime à le rappeler .

Les journalistes présents en plateau lui demandent donc s'il a changé d'avis sur la primaire, lui qui exprimait encore en mars dernier son opposition à ce système qualifié de «poison» et de «machine à divisions» . Il était même allé jusqu'à lancer une pétition anti-primaire . «Non, non. Je ne vous ai pas dit une primaire», plante-t-il avec aplomb, avant de s'embarquer dans une tirade… pro-primaire : «Je souhaite qu'on trouve un système qui nous permette d'avoir un seul candidat de la droite. J'ouvre le débat. J'ai toujours dit que je n'étais pas favorable à une primaire fermée à l'intérieur de LR.» Puis il ajoute encore, questionné sur «une primaire ouverte à toute la droite» - attention cette cascade est réalisée par un vrai pro : «Ça peut être une des options qui sont sur la table.» Pas facile à suivre, on sait.

Synchronisation des montres

• Assemblée, 15h Bayrou va monter à la tribune de l'hémicycle pour ce qui devrait être son dernier discours devant les députés en tant que Premier ministre. Parallèlement, c'est Borne qui sera chargée de lire la déclaration de politique générale primo-ministérielle au Sénat. Avant ce discours et le vote de confiance, Macron reçoit ce matin à l'Élysée Braun-Pivet, après avoir vu Larcher vendredi. Signe d'une dissolution à venir, le Président devant les consulter tous les deux s'il enclenche cette procédure ? Toujours est-il qu'après Bayrou, tous les groupes politiques vont parler avant le scrutin et la chute du gouvernement. Puis, direction Matignon pour les ministres pour un Pau de départ à 20h30.

• Et aussi Actuellement inéligible, Le Pen va connaître les dates de son procès à la cour d'appel de Paris dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

On termine avec notre jeu du jour. Complétez cette phrase de Bruno Retailleau : «Souvent, le problème de la droite est  _________ »

• «La droite»
• «Les nazis»
• «La gauche»
• «France Inter»
• «La démocratie»
• «François Bayrou»

Pour jouer, cliquez sur ce qui vous semble être la bonne réponse ci-dessus. 

Et enfin, les résultats de notre jeu de vendredi. En effet, pour Franck Louvrier, édile de la Baule, «maire, c'est être un influenceur pour sa ville». Et non «un raïs pour sa ville», comme l'ont cru les fans d'OSS 117.