Alès, la ville qui haïssait les arbres
Au cours de ces dix dernières années, combien de grands arbres ont-ils été abattus à Alès, seulement dans l’espace public, et seulement ….pour ce que j’ai pu remarquer ?
*Tous les grands et magnifiques micocouliers de la place Gabriel Péri (prés du café « le Gambrinus ») qui était un parking ombragé et qui est devenu un parking violemment ensoleillé.
*Tous les aussi grands et magnifiques micocouliers de la place de la Libération (ex place Florian ) qui est devenu un espace vaguement vert sans aucun intérêt.
*L’avant dernier platane de la cour du centre André Chamson, soi-disant malade alors que sa section après l’abattage ne présentait aucun signe de maladie. La cour, auparavant charmante est maintenant banale et en été, chaude à souhait.
*Récemment, en face de l’hôtel restaurant « le Riche » le dernier de la ligne de platanes qui fait face à la gare.
* Tous les arbres qui ont laissé place au cinéma Cinéplanet dont un superbe cèdre et l’énorme magnolia au moins centenaire qui est en train d’agoniser en face du lycée Jean-Baptiste Dumas où on l’a transplanté. Manœuvre hypocrite car un arbre de cet âge ne peut pas supporter qu’on le transplante.
Je ne parle que de ceux que j’ai remarqués, il y en a sans doute bien d’autres.
On sent que les survivants ne sont tolérés qu’à grand peine, à condition de ne plus apparaître comme des arbres mais comme des éléments de mobilier urbain ou des jouets genre playmobil :
C’est à quoi ressemblent les platanes qui bordent toutes les avenues, taillés depuis deux ans en forme de rectangles, ce qui diminue de moitié leur feuillage et par conséquent leur ombre.
Parlons de l’ombre dans la ville d’Alès, en été, quand on frôle les 40°:
Dans les rues, pas d’arbres, ou si petits qu’on les remarque à peine.
Tout le long des boulevards, ces platanes mutilés entre lesquels le soleil passe. Finis les tunnels d’ombre continue et reposante, ce qui reste est une alternance fatigante ombre- soleil -ombre -soleil..
Le long de l’avenue Carnot des oliviers, des pins très espacés,autant dire rien pour se protéger.
La nouvelle place des Martyrs est une plaque chauffante.
Le malheureux piéton alésien n’a plus qu’à se traîner au ras des murs, à se munir de chapeaux, d’ombrelles, peu importe, cette ville n’est pas faite pour qu’on s’y promène. Il y a bien les jolis ronds- points fleuris, mais allez donc vous mettre à l’ombre d’une marguerite.
Pas très loin d’Alès pourtant, à Nîmes, de somptueux platanes et micocouliers bordent nombre de rues. Ils sont protégés, entretenus, ils dispensent une ombre dense, rafraîchissante, la ville en est belle, agréable,on peut y flâner. Comment font les nîmois pour se garder des méfaits commis par les arbres, par leurs feuilles (qui tombent ou qui gênent certains riverains), par leurs racines (qui soulèvent la chaussée), par leurs branches (qui donnent asile aux oiseaux) ?
Ne pourrait-on pas leur demander leurs secrets plutôt que de dépouiller Alès qui reste nue sous le soleil ?
Pourquoi tant de haine, ici, envers les arbres ? –
R.Bonnal